En réponse à la position de la France sur l’issue des élections qui viennent d’avoir lieu en RDC, position exprimée par ses dirigeants au plus haut niveau, le porte-parole du gouvernement congolais réagit et dit ses quatre vérités aux Français.
Ce discours de la dignité, de la conscience, de l’affirmation de la souveraineté nationale, de l’intelligence et de la maturité africaines, servie par un art oratoire maîtrisé, cette rhétorique de la dénonciation du colonialisme et des intrigues impérialistes associés sont pourtant trop beaux pour être un souverain bien.
Le Ministre, en sa qualité de porte parole du gouvernement congolais manie bien la langue de Molière et il est à craindre que ce talent ne soit considéré comme une fin en soi ; ou qu’il participe d’un syllogisme de l’administration de la preuve. Quoi qu’il en soit, il véhicule bien sa critique vers les sphères concernées du système néocolonial — Françafrique, Paris, Bruxelles, etc… — et se tient bien au niveau d’une crédibilité rhétorique indéniable. En cela, il fait une bonne communication, même si la diplomatie ou la communication politique ne doit pas être confondue avec l’art oratoire.
Car aussi beau soit-il, ce discours détient-il la vérité ? La vérité est-elle fonction directe du bien dire, du savoir l’exprimer ? Au contraire, n’est-il pas à craindre qu’une charge critique aussi appuyée, aussi ouverte sur l’ingérence occidentale dans les affaires africaines, de la part d’un dirigeant africain au lendemain d’élections controversées, ne cache des intérêts politiciens inavouables ?
Depuis le temps qu’on souhaite que dans les milieux politiques africains autorisés, des voix de dénonciation aussi claire et limpide en temps dépassionné, s’élèvent du Togo au Congo, en passant par le Cameroun, le Gabon, l’autre Congo et tous les dominions encore sous tutelle française pour dire leur quatre vérités aux Blancs en général et aux Français en particulier, pourquoi ce type de beau discours apparemment captivant, intellectuellement pénétrant, historiquement valable et idéologiquement pertinent ne tombe qu’en réaction à la mise en danger des intérêts et prétentions électoraux de ceux qui la tiennent ?
Il y a dans la fonction conjoncturelle de ce discours quelque chose de trop lourdement opportun pour ne pas en obérer l’objectivité, voire sa pureté présumée.
Alan Basilegpo