Voici ce qu’on peut lire en commentaire de la vidéo ci-dessus qui circule sur Whatsapp, le réseau social africain par excellence ! Les réseaux sociaux sont vraiment une calamité. Il y a toute une explication et une histoire derrière ces images qui datent de 2015 et qui, sorties de tout contexte, sont gratifiées d’un commentaire « façon fantasme de grand soir » avec cette irresponsabilité paresseuse que l’instantanéité qui caractérise le fonctionnement des réseaux sociaux est censé excuser. Mais comme le disait Mao, qui n’a pas fait d’enquête n’a pas droit à la parole…
Ces manifestations n’ont rien de spontané. Si au Bénin, on peut acheter des votes, au Nigeria on fait pire. Non seulement on achète des votes, mais on loue aussi ceux qu’on appelle des « political thugs« , des voyous politiques, qui font exactement ce qu’on leur demande de faire.
Ensuite, le Nigeria est une fédération dont chaque état est divisé en « Local governments« , des subdivisions territoriales aux identités bien marquées. Si vous prenez un homme politique yoruba à Porto-Novo, vous direz qu’il est dans son fief. Mais, n’empêche un Houngbédji, qui est de Porto-Novo aussi peut payer des « political thugs » pour l’agresser ou le huer publiquement…
Enfin, pour ne pas être long, car l’histoire de cet incident médiatico-politique est très longue et complexe, il faut savoir que son explication se trouve à Abuja, Kwara et Lagos.
A Abuja où se trouve le Sénat à la présidence duquel Monsieur Saraki a accédé par effraction et contre la volonté de l’APC, qu’il a ensuite renié. Actuellement le Nigeria se trouve dans une position politiquement insolite où le Président du Sénat est membre de l’opposition pourtant minoritaire formellement…
A Kwara, Etat dont Saraki est originaire avec le Ministre de l’Information, Lai Mohammed, un fidèle du parti et de Buhari, qui n’est probablement pas étranger à l’incident.
Enfin, à Lagos où règne en maître Bola Tinubu, ancien gouverneur et Président de l’APC, le parti qui a porté Buhari au pouvoir. Les Saraki sont des métis yoruba-haoussa dans cet état du centre nord, dont la capitale Ilorin était le cœur de l’empire yoruba jusqu’à sa conquête par les musulmans du Nord. Il y a une rivalité de personnes entre le richissime Tinubu et le nom moins galetteux Saraki qui n’entend recevoir aucun ordre de ce Yoruba auquel sa partie yoruba, quoique non négligeable, n’entend pas se soumettre.
Bref, tel est brièvement brossé, le tableau de l’arrière plan de ces images hautement manipulées, qui au Nigeria ne renvoient à rien qui puisse être considéré de loin ou de près comme les prémices d’une révolution populaire comme le laisse entendre le commentaire enthousiaste dont elles sont affublées…
Adekoya Badero