Depuis plusieurs décennies, pour notre plus grand malheur, Talon est mêlé de loin ou de près à la vie politique du Bénin. Avant même de sortir officiellement du bois pour devenir Président dans les conditions que l’on sait, il ne vivait que de la politique. Alors qu’il n’avait jamais été élu, il lui suffisait de faire élire les autres pour tirer ses marrons du feu. En gros, tel a été son modus operandi. Sa méthode consistait à hanter la vie politique du Bénin, à en tirer les ficelles dans l’ombre, sur fond de tensions, de guéguerres plus ou moins larvées, d’affaires plus ou moins rocambolesques, de procès plus ou moins judiciaires. Pour satisfaire son appétit léonin, sa volonté de faire mains basses sur les secteurs juteux de l’économie nationale, il est toujours en guerre contre ses rivaux. Et cette piraterie péri-politique imposée à toute une nation finit par en remplir la vie politique, en lieu et place de la politique au sens noble du terme, la politique pour le bien-être du peuple, la justice et le partage. La politique du progrès intellectuel et de la dignité culturelle et symbolique d’une nation. Loin des grands rêves patriotiques que portaient des hommes comme Nkrumah, Nasser ou Sankara, son patriotisme matérialiste l’emmène à ne voir la nation que sous le regard intéressé d’un butin à saisir et rien d’autre. C’est ce que ses thuriféraires appellent pince sans rire son « esprit de gagneur. » Pour cela, il mène une lutte à mort contre ses rivaux en pillages de l’économie nationale – Ajavon, Yayi, Rodriguez et consorts – Quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui en souffre. Et le Bénin, soumis à son corps défendant à ce western non-stop, en paie le prix fort : son présent est pris en otage et l’avenir de ses enfants hypothéqué. La vie politique de tout un pays est devenue l’affaire privée d’une horde de vautours impénitents, une tourbe infecte de pilleurs sans états d’âme.
Pourquoi un homme d’affaires qui a manipulé les hommes politiques jusque-là dans la pénombre déciderait-il de devenir Président si ce n’est pour faire à sa convenance ce que ses marionnettes n’ont pas su faire ou ont refusé de faire ? On n’est jamais mieux servi que par soi-même ; la solitude d’exilé a fait redécouvrir à Talon la profonde vérité de ce proverbe ordinaire. Mais le plus absurde, dans le drame national qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, c’est le processus qui amena Talon au Pouvoir en 2016. Yayi Boni, son pantin présidentiel repenti, porte la responsabilité intellectuelle et politique de ce malheur. Le soi-disant Docteur n’était pas obligé d’amener Zinsou dans la joute présidentielle. En y introduisant ce Français aux allures de gouverneur des temps coloniaux de triste mémoire, Yayi Boni a offert aux Béninois une excuse pour voter Talon ; et à celui-ci un providentiel slogan de campagne dont il s’est saisi sans demander son reste.
De tout ce qui précède, il ressort que Talon est à la fois le Père et le fils présidentiel de Yayi. Telle est l’exégèse de notre malheur qui se poursuit aujourd’hui.
Adenifuja Bolaji
Merci Bolaji!
Pertinent! Je ne pense pas moins cela.
Yayi, le premier respo de tout ce qui nous arrive. J’ajouterai deux autres mais bof, pour après….
On croyait la lutte terminée fin 1989-1990. Il faut retrousser les manches une fois encore…
Merci
Eh oui, Aimé, le manège politique béninois tourne, mais malheureusement dans le mauvais sens. Les responsabilités de chacun dans ce drame doivent être soulignées. Au lieu du silence gêné des lettrés, nous devons tous exprimer notre consternation. Je suis content que nous partagions les mêmes vues sur ce point…