Talon s’acharne de plus en plus sur ses opposants, en utilisant à cet effet des prétextes tirés par les cheveux. Réveillant des litiges ou des accusations caduques, Ressuscitant des cours d’exception fallacieusement baptisées pour anéantir ses ennemis potentiels. La raison en est que, dans la perspective de 2021, l’équation électorale devient difficile pour Talon. Et, en prévision des présidentielles qui l’obsèdent, il prend déjà ses précautions. Quelles sont les données de cette équation ? Elles sont à la fois arithmétiques et politiques. En 2016, trois grands candidats s’étaient disputés le scrutin : Zinsou, Talon et Ajavon. L’alliance stratégique des deux derniers à permis à Talon d’émerger président. Dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2021, les données ne sont plus les mêmes, à la fois politiquement et arithmétiquement. De quelque façon qu’on apprécie l’action de Talon, force est de reconnaître qu’elle a fait plus de mécontents que de contents, plus de frustrés que de satisfaits. Dans ces conditions, au mieux, Talon sera réduit au tiers des électeurs béninois qui constituèrent ses primo-électeurs en 2016. Et ce, dans l’hypothèse qu’il les a tous conservés. Où trouver le tiers restant pour assurer sa réélection ou celle de son poulain – pour autant qu’il daigne respecter son vœu de mandat unique exprimé en 2016 mais jamais défendu avec acharnement depuis lors ? Tel est le casse-tête chinois auquel Talon se trouve confronté. D’où sa nervosité politique, son acharnement sur ceux qu’il perçoit à tort ou à raison comme ses empêcheurs de dominer en rond : Soglo, Ajavon, etc… accusés de tous les crimes, mis en fuite ou et menacés de perdre leur liberté.
Mais ce qu’oublie Talon c’est que mettre Soglo en fuite ne lui fera pas gagner pour autant les électeurs de celui-ci. Et mettre Ajavon aux arrêts n’arrêtera pas ses électeurs le moment venu de signifier leur ras le bol de son pouvoir. Reste donc à se tourner vers Zinsou ; non certes pas pour trouver des poux dans ses cheveux. Non, mais pour séduire le cas échéant ses électeurs ; tous ces gens qui en 2016 ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour amener au pouvoir ce Béninois qui « ne peut parler aucune de nos langues » ou ce Français qui affirme que le franc CFA est une bonne chose pour l’Afrique et qui pense comme tous les Blancs que « l’Afrique appartient à l’Europe ». La tactique de Talon s’il décide de ne pas se présenter lui-même sera de trouver un candidat de la diaspora ; de préférence quelqu’un qui, comme Zinsou, a été membre ou sympathisant du parti socialiste, qui comme Yayi Boni a fait des études supérieures et peut se faire appeler Docteur. Selon la méthode de la ruse et de la rage qu’on lui connaît, la candidature de ce poulain qui s’échauffe déjà dans les écuries de l’ombre pourra être suscitée par un simili-opposant à Talon ou quelqu’un qui n’est pas connu pour être de ses amis acharnés. Avec cette manipulation, comme Talon y est rompu, il espère drainer vers lui les candidats de Zinsou, et ainsi gagner les élections ou justifier en cas de fraude qu’il les a gagnées…
Mais pour cela, il faut bien résoudre l’équation Ajavon ; raison pour laquelle, à court d’idées, Talon, aux abois, donne du CRIET à l’homme d’affaires, comme un chasseur à courre donne la meute au gibier.
Ayissi Benoît