La vie d’un président francophone n’est pas chose facile ; aux prises qu’elle est à tout instant à la logique de la toile d’araignée qui caractérise le fonctionnement de la Françafrique.
Tout le monde déplore l’assassinat de Thomas Sankara. Mais si Sankara a été assassiné, c’est qu’il a défié le système, et sa fatwa de mort a été signée en Côte d’Ivoire sous le vénérable Houphouët Boigny. De même on a vu le sort de Laurent Gbagbo, ce grand patriote africain qui a voulu que les siens aient aussi leur part du gâteau national. Mal lui en a pris. Le système a lancé à ses trousses une horde de soi-disant rebelles, qui ont coupé le pays en deux sur une ligne nord-sud. S’est ensuivie une cascade de coups d’État auxquels Gbagbo a su résister avec intelligence et courage. Puis la guerre civile s’établit, malgré les compromis qui ont conduit au déblocage de l’éligibilité du Burkinabè Ouattara. Il a fallu une intervention militaire de la France sous l’égide de son machin, l’ONU. Maintenant, d’avoir tenu tête au système et voulu une Côte d’Ivoire aux Ivoiriens, Gbagbo a été humilié, déposé et déporté à la Haye, au TPI, un tribunal pour chefs d’Etat Africains récalcitrants. Et ceci, au vu et au su d’un monde complice et d’une Afrique pusillanime, historico-génétiquement anesthésiée.
C’est sur ces entrefaites que M. Patrice Talon accède héroïquement à la présidence de la République, sous le mot d’ordre de rejet de la Françafrique largement suivi au Bénin. Évidemment, il y a panique à bord du navire colonial ; d’autant plus que les premières décisions du gouvernement de Talon montrent que les nouveaux venus sont bien décidés à appliquer leur mot d’ordre de rupture ; pour une fois dans l’histoire de l’Afrique, un élu veut gouverner honnêtement, rationnellement dans l’intérêt des Béninois et de la justice.
Or, sous Yayi ce n’était pas le cas. Et la Côte d’Ivoire – encore une fois – est bien placée pour le savoir. En témoigne le scandale d’achat d’armes par le Bénin pour le compte de la Côte d’Ivoire visant à contourner l’embargo international, avec toute la corruption que ce genre d’affaires suppose, et dont on accuse les dirigeants des deux pays d’être bénéficiaires. Dans ces conditions, on comprend que les barbouzes de la Françafrique aient senti péril en la demeure. C’est pour cela que, mafieux invétérés, ils agissent en parrains inquiets, et convoquent Talon pour le recadrer, lui faire ravaler son enthousiasme justicier, ses lubies d’Africain désireux de travailler en priorité pour l’intérêt de l’Afrique alors qu’un dirigeant francophone digne de ce nom doit d’abord et avant tout travailler pour la France. Que voulez-vous que Talon fît ? Le pauvre, refuser de se présenter devant ce jury de mafieux ? Talon a beau s’appeler Talon, n’oubliez qu’il est Fon. Chez nous ne dit-on pas en fon : « on ne refuse pas un appel ; c’est ce qui suit l’appel qu’on refuse le cas échéant. » N’oubliez pas non plus que naguère, la Côte d’Ivoire des Ouattara et Soro fomentait un coup d’État honteux contre la transition au Burkina Faso. Action scandaleuse dont aucune Cour de justice internationale n’a cru devoir connaître les dessous ou les auteurs… Comment Talon oserait-il ne pas jouer le jeu de ces mafieux qui ont carte blanche en Occident ? C’est prendre le risque que Soro Guillaume le rebelle en costume trois pièces déplace le trop plein de ses armes vers le Nord du Bénin et nous joue le coup de la sécession nationale, nous fabriquant en moins de temps qu’il ne faut pour le dire des rebelles du Nord cotonnier contre le Sud côtier. Et ce sera la noria de coups d’État, de déstabilisations et de guerre civile faisant écho à Boko haram.
Et la légende d’un Bénin pacifique et démocratique volerait en éclats.
C’est pour parer à tout cela que Talon a joué le jeu. Comme l’a dit Peter Abraham, la soumission est une chose subtile, un homme peut se soumettre aujourd’hui afin de résister demain. Toute la question est de savoir si ce demain est pour demain ou pour après-demain, c’est-dire les calendes grecques…
Adenifuja Bolaji
Mon Boladji,
Le contraire de ce qui s’est passé à Abidjan m’aurait étonné. PAT n’était pas prêt pour le pouvoir, mais l’absence de véritable leader politique a ouvert la voie à l’usurpation du pouvoir au Bénin. La rupture n’est que la continuité du processus de 2006!!!
Je valide. Au-delà de la passion fratricide, le leadership de Talon est sujet à caution. C’est tout l’imaginaire politique béninois dans sa représentation du leader, et plus particulièrement du Président de la République qui est en cause. Avec l’élection de Talon pour succéder à Yayi, il est à craindre qu’on soit tombé de Charybde en Scylla !
Mon cher Boladji,
Notre cher PAT est venu sauver sa tête et son patrimoine et non le pays. Peut-être le Bénin trouvera son compte dans ce processus de réhabilitation de l’homme d’affaires. Nous sommes actuellement dans un processus dont les Inputs sont indéfinis ce qui justifie l’absence d’outputs précis à l’exception de faire un mandat!!!
La situation est grave. Le Bénin est rattrapé. Le Peuple béninois a un ennemi, son propre fils BONI Yayi. Ce dernier n’a pas voulu laver le linge sale en famille. Ses choix, des Parrains peu recommandables, appuyés par la France-Afrique tant décriée par le président Soglo Nicéphore et M. Albert Téivodjrè. Comment sortir de la toile d’araignée? Le président Patrice Talon en a déjà pris la mesure. Faisons lui confiance. Accompagnons le.
Bonjour,
L’araignée »Françafrique » aussi puissante qu’elle soit et qu’elle se révèle est d’une vigilance à faire ou à défaire les Etats de l’empire France: pourvu que les intérêts de celle-ci soient à jour.
Avec ou sans leader politique préparé pour diriger le Bénin, l’araignée »Françafrique » agira conformément aux principes sacro-saints qui justifient sa raison d’être. Je rechigne à dire, en référence à l’article »Essai, Porque » qui a mis en relief quelques preuves tangibles de »Françafrique » que, les candidats à l’élection présidentielle dans les Etats francophones voire francophiles, quels qu’ils soient, ne pourraient après élection, jamais s’affranchir de l’influence voir la dictature de »Françafrique ». PAT n’est certainement pas dupe de mon constat.
PAT saura prendre la mesure de l’essentiel: concilier les intérêts de France-Afrique et ceux du Bénin afin que le Bénin en sort grandi.
La question de l’affranchissement est une question d’intelligence et de volonté, et PAT n’en manque pas ; gageons qu’il saura ménager la chèvre et le chou.