Importance des cultures au Dahomey[1]

 Quand on examine les statistiques douanières de la colonie depuis l’époque déjà lointaine où nous nous sommes installés dans le pays, on est frappé par l’importance toujours grandissante qu’ont tenue sans le mouvement des exportations les produits de culture.

D’autres colonies ont vécu de l’or, du graphite ou du mica que leur sol livrait en abondance, des bois qui peuplaient leurs immenses forêts, du caoutchouc que fournissaient les peuplements sylvestres, de l’ivoire que les chasseurs prélevaient sur les innombrables troupeaux d’éléphants.

Ici, la nature s’est montré plus avare : pas d’or dans le flanc des montagnes et le lit des rivières ; pas d’essence précieuses dans les forêts rares et clairsemées, et les éléphants, pourchassés par une population nombreuse, ont fui le pays depuis des siècles.

Mais l’ingéniosité de l’homme a suppléé à ce manque de ressource naturelles en demandant à la terre, sous forme de culture et de plantations, les revenus qui lui faisaient défaut. Penchés sur la glèbe en leurs nombreux « glétas », la houe  la main, les paysans dahoméens ont su créer des cultures, établir des plantations qui, de nos jours encore, font l’admiration des voyageurs. Race laborieuses, ayant voué un véritable culte à la terre et qui ont su — sans doute à l’instigation ou sous l’instigation des Portugais[2], qui furent les premiers Européens à venir dans le pays — donner à leurs méthodes de culture un degré de perfection qui étonne

 in Le Dahomey. Réalisations et perspectives d’avenir, Joseph-François Reste de Roca, Paris, 1934

[1] Le Dahomey. Réalisations et perspectives d’avenir, Joseph-François Reste de Roca, Paris, 1934

[2] La méthode, le savoir faire ne sont jamais endogènes en Afrique ou d’une manière générale chez le colonisé : pour l’Européen, il faut qu’ils viennent d’ailleurs, et de préférence de l’occident, sinon d’un milieu intermédiaire qui lui-même a subi l’influence ou reçu l’héritage occidental