Pourquoi Houngbédji a laissé tomber Ajavon

blog1

On se souvient que dans sa sortie à Porto-Novo où il exprimait en goun son dépit d’avoir été abandonné par M. Houngbédji, Sébastien Adjavon expliquait par le menu comment, pendant une certaine période, le Président du PRD l’avait démarché pour être le candidat de son parti à l’élection présidentielle. Et puis soudain ce fut la volte-face. Pour comprendre pourquoi Houngbédji a laissé tomber Adjavon, il serait avisé de savoir pourquoi, à un moment donné de sa réflexion, il l’a envisagé, comme candidat possible du PRD.
Il va sans dire que la pensée du Président du PRD est obnubilée par sa décision d’être au pouvoir coûte que coûte. De manière contestable, mais à force de se le répéter comme un mantra, Houngbédji et les siens se sont persuadé qu’ils n’avaient pas été au pouvoir depuis le début du Renouveau Démocratique. Or à la vérité Houngbédji et ses représentants ont occupé le sein du pouvoir à plusieurs reprises, parfois tout près du sommet de l’Etat, comme il l’est actuellement par sa position du Président de l’Assemblée nationale, deuxième personnage de l’Etat. Sur ce mensonge fait à soi-même, Houngbédji a d’abord revendiqué le statut personnel de bouc émissaire du Renouveau Démocratique, notamment en s’estimant la victime expiatoire de l’avènement en 2006 puis de la confirmation frauduleuse en 2011 de Yayi Boni à la tête de l’Etat. Mal-aimé de tous, Houngbédji a décidé de se venger de tous, contre vents et marées. Sa position de victime putative lui donne, pense-t-il, le droit de faire tous les choix qu’il veut pour atteindre son objectif : ne plus être dans l’opposition. Ce leitmotiv négatif est érigé en programme politique majeur par Houngbédji.
Aguerri par le fonctionnement du système Yayi, Houngbédji sait que c’est seulement au sein du système que le pouvoir peut se partager ou se transmettre ; mais qu’il ne peut jamais s’arracher dans un combat frontal, comme cela arrive dans toute démocratie digne de ce nom. C’est pour cela que le Président du PRD a très vite installé ses représentants à des positions clé au sein des institutions organisationnelles ou arbitrales des élections, comme la CENA ou le COS-LEPI. Ces pré-positionnements réalisés, Houngbédji s’est lui-même rapproché du sein du pouvoir en se faisant élire à l’arraché Président de l’Assemblée nationale. De ce point de vue, sa récente déclaration selon laquelle il ne serait pas demandeur de ce poste est une contrevérité en contradiction flagrante avec sa stratégie d’entrée au sein du pouvoir après 2016. Être au sein du pouvoir voulant dire selon Houngbédji — qui n’a du reste pas l’apanage de cette conception de la politique –, non seulement faire partie de la majorité parlementaire appuyant l’action du nouveau chef de l’Etat, mais posséder un nombre négocié de ministres et non des moindres dans le gouvernement, pouvoir faire nommer un certain nombre de ses cadres à des postes juteux, permettre aux hommes d’affaire de sa mouvance politique de bénéficier de contrats de l’Etat, etc… Bref, être dans le vent politique comme cela se conçoit et se fait au Bénin.
Dans cette optique et dans la ligne de son pré-positionnement au cœur du pouvoir, Houngbédji a centré toute son attitude sur Yayi Boni et son candidat potentiel. Quand Yayi Boni, dans sa crainte de se voir succéder par Talon envisageait sérieusement de lui opposer Adjavon, un autre milliardaire avec lequel ses rapports étaient d’autant moins conflictuels qu’il pouvait les adoucir fiscalement, Houngbédji, ayant flairé le coup, a commencé par tourner autour de l’homme de Djeffa. C’était le moment où il le pressait de donner son logo pour qu’il soit homologué par le PRD. Ce démarchage a duré jusqu’au moment où il apparut clairement que Yayi eût pris l’option Zinsou. Dès lors, Adjavon avait perdu tout intérêt politique pour Houngbédji, l’homme qui a juré d’être du bon côté de la présidentielle en 2016. Et le bon côté selon la logique du holdup électoral dont Houngbédji s’estime la victime unique et exclusive, est le côté de Yayi Boni.
Ce que nous apprend l’abandon d’Ajavon par Houngbédji c’est qu’il est précédé d’un autre abandon qui le conditionne, celui du même Adjavon par Yayi Boni. De ce point de vue, ceux qui insinuent que Sébastien Ajavon serait le plan B de Yayi, même si d’un certain point de vue l’assertion se discute, ont raté un épisode dans les impitoyables vicissitudes de la lutte pour le pouvoir présidentiel
Adenifuja Bolaji

 

copyright5_thumb.png

Publicité