COMMEMORATION DE LA FETE DU VODOUN EDITION 2016
APPEL DU PRESIDENT DE L’INRIEF
A
Leurs Majestés Rois et Chefs de terre, leurs Eminences Chefs de couvents et Dignitaires traditionnels,
En ce début de nouvel an, permettez-moi de vous renouveler mes hommages et de présenter mes meilleurs vœux de santé, de joie et de bonheur pour vous, vos familles et les communautés dont vous avez la charge administrative, spirituelle, morale et éthique.
Le 10 janvier 2016, vous allez célébrer la 22ème édition de la fête du Vodoun, la fête des religions traditionnelles. A cette occasion, vous invoquez les Mânes des Ancêtres et les divinités diverses afin qu’ils bénissent l’année nouvelle, protègent vos obligés contre le mal et les maladies et les aident à réussir dans leurs entreprises diverses.
Majestés Rois et Chefs de terre, Eminences Chefs de couvents et Dignitaires traditionnels,
Cette année, votre Fête se déroulera à un moment où notre pays traverse une grave crise dans tous les domaines et secteurs d’activités et où le deuxième mandat du président Boni YAYI est arrivé à terme. Et tout le monde se demande quel pouvoir lui succédera. Vous vous posez assurément cette même question et vous allez certainement travailler à trouver une réponse qui arrange le pays et le peuple.
Mais déjà, des organisations démocratiques dont l’IN.I.RE.F ont fait leur analyse, proposent une démarche qui rencontre l’adhésion des personnalités et des travailleurs de plus en plus nombreux et qui se sont doté d’un creuset de grand rassemblement appelé le Front de Refus du Bénin-Waxala né le 29 octobre 2015.
Ledit Front résume cette grave crise comme suit : « Le Bénin, notre chère patrie, du fait de ses enfants jouisseurs, insatiables, prompts à se jeter dans la mare boueuse de la tricherie, du mensonge, du régionalisme, de l’ethnocentrisme, de la gabegie, du népotisme, de la collusion corruptive, baignant tous allègrement dans l’eau de l’impunité, est tranquillement embourbé dans le waxala, c’est-à-dire dans le scénario catastrophe. Tous les indicateurs sociaux sont au rouge…Tous ces paramètres révèlent au grand jour la fin du système né de la Conférence nationale d’il y a 25 ans. Les élections se font sur le critère de la diffusion et de l’acceptation de l’argent facile et montrent l’état de déliquescence du processus électoral et met en lumière le chaos que porte cette élection….Oui, notre système politique est fini ; il est au bout du rouleau ; autre chose est appelé…. Dans ces conditions, rien de bon pour le peuple ne sortira des prochaines élections présidentielles ; aucun homme en dehors du peuple rassemblé ne peut sauver le pays de la catastrophe qui s’annonce. La seule manière d’éviter cette catastrophe, c’est la réunion des Etats Généraux du Peuple pour refonder les règles de notre vivre ensemble et pour une nouvelle gouvernance qui tourne le dos aux errements actuels du Renouveau Démocratique »
Mais comme vous le constatez depuis un moment sur le terrain, Boni YAYI qui a mis le pays dans la catastrophe, veut protéger ses arrières avec l’aide du gouvernement français. Il a fait venir de France, un candidat qu’il avait nommé d’abord son premier ministre avant de vouloir faire de lui le prochain président du Bénin. Ce candidat, Lionel ZINSOU, s’il est d’origine béninoise de par son père, est membre des cabinets et establishments des gouvernements français. Il travaille pour l’extension de la domination française dans le monde, défend la domination du franc cfa (un sous-multiple du franc français et puis de l’Euro) non seulement sur notre pays mais également sur tous les pays de l’Afrique de l’Ouest. Les anciens colonisateurs français veulent ainsi se servir du Bénin comme une base d’agression contre les autres pays de la CEDEAO, le Nigéria, le Ghana, etc.. Lionel ZINSOU qui n’a pas vécu au Bénin, qui ne connaît ni ne parle aucune langue béninoise, n’est imprégné d’aucune de nos cultures et ne servira que les intérêts français. Il est donc vrai de dire que Boni Yayi a fait venir un Français pour être son candidat pour l’élection du 28 février 2016. Il s’agit d’une tentative de reconquête coloniale. Lionel ZINSOU est comme un nouveau colonel DODDS qui a vaincu Béhanzin et a conduit la colonisation de notre pays.
Majestés Rois et Chefs de terre, Eminences Chefs de Couvents et Dignitaires traditionnels,
La colonisation de notre pays vous a dépouillé de votre pouvoir. Elle a fait de nous des esclaves sur nos propres terres ; elle a nié nos langues et cultures dont vous êtes les dépositaires des traditions et valeurs positives ; elle nous réduit à produire pour les usines de la France, à consommer ses productions. Aujourd’hui encore, elle entrave le développement des industries dans notre pays. Il a fallu plus de 60 ans de luttes pour obtenir une indépendance qui, même formelle, nous permet de continuer dans la dignité la lutte pour notre émancipation et notre développement. Remettre le pays, à travers un processus électoral fait de distribution d’argent et de fraude, dans les mains d’un gouverneur désigné par la France en la personne de Lionel ZINSOU serait un recul de plus de 55 ans pour nous et l’Afrique dans un monde où tous les autres peuples dans les autres continents vont de l’avant.
Majestés Rois et Chefs de terre, Eminences Chefs de Couvents et Dignitaires traditionnels,
Boni YAYI fait feu de tout bois pour imposer son candidat à notre peuple et à notre pays. Lui-même ou de ses émissaires vous assaillent pour que vous choisissez et bénissez ce candidat qui est chargé de protéger ses arrières en se taisant sur tous les scandales et crimes de sang qui ont souillé la terre de nos ancêtres et réaliser la reconquête coloniale de notre pays. De l’argent sale circule et des premières pierres de chantiers sont posées çà et là pour appâter les populations à son objectif machiavélique.
Majestés Rois et Chefs de terre, Eminences Chefs de Couvents et Dignitaires traditionnels,
Notre pays est de nouveau à la croisée des chemins : ou bien, ensemble avec vous nous réussissons à écarter ce grand danger à notre pays, en empêchant l’accession de Lionel ZINSOU à la magistrature suprême au Bénin, ou bien nous échouons et notre pays est recolonisé avec ses conséquences dramatiques sur les plans, politique, économique, social et surtout moral, spirituel et culturel. L’effort de résistance et de relèvement de nos cultures, de nos us et coutumes sera davantage bafoué, étouffé.
Vous qui êtes les dépositaires de nos cultures, us et coutumes, vous qui avez perdu votre pouvoir avec la colonisation de notre pays, vous pressentez mieux que moi l’humiliation, les frustrations, les souffrances et douleurs que peut causer à vous-mêmes et à vos administrés la recolonisation de notre pays. Vous intellectuels traditionnels, vous deviendrez encore plus des étrangers sur la terre de vos aïeux parce que vos langues maternelles resteront des langues étrangères au profit de la langue française qui consolidera son privilège usurpé et imposé comme seule langue officielle. La dignité et l’âme de notre peuple seront détruites et nous serons la risée des peuples voisins frères ainsi que du monde entier.
Face à cette menace, face à ce grand danger de reconquête de notre chère et unique patrie, le Bénin, que nous ont léguée nos Ancêtres, face au danger de notre humiliation collective et individuelle, je viens respectueusement au nom du patriotisme dont vous constituez le socle vous demander d’orienter la ferveur de vos consultations ainsi que la puissance de vos sacrifices et prières dans le sens :
1- de conjurer coûte que coûte le danger de recolonisation de notre pays par la France. Nos Ancêtres et aïeux Béhanzin, Kpohizoun, Kaba, Bio Guerra, etc…qui ont donné leur vie pour notre liberté ne pardonneront à aucun de vous ni nous la perte de cette souveraineté ;
2- de solliciter et d’obtenir des mânes de nos ancêtres et de nos dieux tutélaires la force, le courage et la détermination pour empêcher Lionel ZINSOU, le nouveau colonel Dodds d’être le futur Président du Bénin ;
3- de rassembler tous les Béninois autour de l’objectif noble de la réunion des Etats Généraux du Peuple afin de sauver notre patrie commune du Waxala dans lequel l’a plongé le système de gouvernance actuelle et ce à n’importe quel prix.
C’est sur ces derniers mots exaltants que je voudrais, vous renouveler, mes souhaits de bonne Fête des religions traditionnelles. Que les Mannes des Ancêtres et les divinités qui vous entourent bénissent nos luttes et exaucent nos prières.
Enfants du Bénin débout !
Cotonou, le 7 janvier 2016
Le Président de l’IN.I.RE.F.

Christophe Hounpati CAPO