Lorsque naguère l’UN l’invitait à rejoindre ses rangs qu’il avait désertés, le PRD rejetait l’appel au motif qu’il fallait, au préalable de l’union, que chaque parti membre allât devant les électeurs pour se faire une idée de son poids politique réel.
Argument qui ne manque pas de sens, et reste valable pour toute initiative d’alliance, fût-elle à long terme ou de circonstance.
Or voici que se profilent les élections présidentielles — doit-on même dire «l’élection présidentielle » compte tenu de la forte probabilité du tour unique que certains annoncent déjà — et l’on entend les clameurs d’une alliance opportuniste PRD, FCBE, RB derrière la candidature du Français Lionel Zinsou.
Si cette éventualité devait passer le stade des rumeurs pour se confirmer dans la réalité, cela voudrait dire que pour la première fois que le PRD ira aux élections sans Me Adrien Hungbéji, il ne se donne ni un candidat issu de ses rangs ni même un candidat extérieur sous sa bannière unique ou principale. En clair, le parti de Me Adrien Hungbéji va rater l’occasion, à cette singulière croisée des chemins, de peser son poids présidentiel réel sans son porte-drapeau historique. Il va sans dire que la fidélité et la mobilisation des populations de l’Ouémé derrière Hungbéji trouvent leur source dans le désir brûlant de ce département d’avoir enfin l’un de ses fils à la tête du pays. Avec l’aventure d’externalisation en réunion dans laquelle pourrait se lancer le PRD, qui peut vraiment dire son poids réel dans l’élection du futur président ? Devrait-on se résoudre à le déduire des scores précédents de Me Adrien Hungbéji ? Hasardeuse extrapolation !
Nous avons-là, à n’en pas douter, une première incohérence entre les discours et les actes ; travers éculés dont les hommes politiques, souvent guettés par l’opportunisme, nous ont hélas habitués. Deuxième incohérence, comme l’a subrepticement murmuré le Député PRD Charlemagne Honfo sur le mode du rêve éveillé, la préférence de ce parti est à l’élection à un tour. Or tout le monde sait que dans le contexte d’atomisation des candidatures et de multipolarité de la classe politique, un tel schéma relève de l’exploit ; un exploit que seul, dans l’histoire de notre vie démocratique, Yayi Boni a réalisé en mars 2011, au frais de Me Adrien Hungbéji, dans un holdup électoral de sinistre mémoire
En souscrivant à son tour à ce schéma frauduleux, et même en l’anticipant comme une modalité naturalisée, le PRD serait-il prêt à faire sienne la même arme criminelle avec laquelle sa légitime aspiration à la présidence de la République a été lâchement assassiné en 2011 ?
Cette amnésie troublante frise au mieux le syndrome de Stockholm ou au pire un amoralisme cynique, pour le moins machiavélique.
Dans tous les cas, parce que les tractations vont très vite et que les schémas d’alliance sont protéiformes, marqués par une versatilité opportuniste, il convient de ne pas juger tant que le corps du délit n’est pas constitué.

Prof. Bill Ahwansu