
Avec le renvoi à une session ultérieure, le procès Dangnivo met une pause médiatique à l’affaire du même nom, qui reste une source de consternation et de souffrance pour tout esprit épris de justice et d’humanité.
La conscience collective reste arrêtée au constat glaçant fait par Me Jogbénu, à savoir que « c’est un crime politique, un crime d’État. »
Avec ce renvoi et la pause médiatique qui s’ensuit, il va de soi que les protagonistes méditent leur sort et leur tort. Impénitents, les machinateurs s’occupent, on l’imagine, à rafistoler la validité de leur scénario diabolique à la lumière des positions et des révélations faites par les témoins et/ présumés coupables.
Parallèlement, la crainte n’est pas seulement imaginaire que les témoins ou les preuves utiles à la manifestation de la vérité soient forcés à disparaître d’une façon ou d’une autre. Cela donne une idée du soupçon de crime d’État soulevé par l’avocat de la partie civile. Et, comme chacun sait, les crimes d’État supposent aussi des moyens d’État au service de leur dénégation. L’évasion rocambolesque et invraisemblable du suspect présumé — un simple voleur de moto auquel on prête une capacité d’action de chef mafieux — de la prison de haute sécurité de Missérété en dit long sur les moyens et la volonté des machinateurs – de quelque bord qu’ils soient — de faire feu de tout bois.
Même le calendrier initial du procès, dans une affaire qui a commencé à la veille du quinquennat scélérat de Monsieur Yayi, donne bien une idée de son ordonnancement politique. Le régime finissant espérait sans doute se faire délivrer à temps un sauf-conduit juridique, avant de quitter la scène, l’esprit faussement tranquille. Mais il s’en faut de beaucoup ; la vérité résiste au scénario de bonne conscience chiquée. Il va falloir revenir à la charge pour faire entrer la vérité dans la camisole de force de la fiction machiavélique et de l’abus criminel d’autorité. Dans cette affaire, tout dépendra de la vigilance du peuple et de son degré d’exigence de justice…
Adenifuja Bolaji
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