Permettez-moi de vous écrire ces quelques lignes sur mon expérience personnelle. J’aime ce que vous faites et je prie pour que Dieu vous donne la grâce de continuer. Je lis vos articles depuis un certain nombre d’années et je dois confesser que j’y ai appris certaines choses. Malheureusement je suis victime du chauvinisme masculin, précisément en matière de tromper son partenaire. Le fait est que je l’ai fait et ai été prise la main dans le sac, et je ne peux le dénier. Et là-dessus j’ai payé pour ma faute. Je m’attendais à ce que mon mari réagisse de la manière classique dont les hommes réagissent dans ces circonstances, mais quelle ne fut pas ma surprise qu’il n’en fut rien. Il me dit qu’il avait compris mes sentiments et les raisons de mon acte et qu’il m’avait pardonnée. J’ai remercié le ciel qu’il n’ait pas pris les choses de la manière dont l’homme dont on parlait dans votre article s’est comporté. Il m’a même promis le secret. J’étais très reconnaissante à son égard et dans mon cœur. J’ai pris la décision de ne plus jamais recommencer, quelles que soient les circonstances.
Dès lors, je me suis entièrement consacrée à notre mariage et essayé de faire les choses pour le rendre heureux, même en boycottant tous mes amis y compris certains membres de ma famille.

Toutefois, il sembla qu’il n’y eût rien qui le contentât. C’était comme s’il m’avait pardonnée sur le papier mais qu’en réalité et dans les actes il ne l’avait pas fait. Exprès, il faisait souvent des blagues et des remarques stupides au sujet de femmes qui trompent leurs maris. Naturellement, ceci m’a fait prendre conscience et j’en suis arrivée à douter de son pardon. Il me posait des questions sur mes faits et gestes et n’hésite pas à les vérifier y compris auprès de notre fille de quatre ans à l’époque. Ceci me gênait beaucoup. Cependant, le plus pénible est qu’il semblait avoir fait une fixation sur le sujet. Parfois, il me demandait si notre manière de faire l’amour était bonne et me procurait satisfaction, parce qu’il ne voudrait pas être en aucune manière responsable de mes éventuelles aventures extraconjugales. D’autrefois, il me demandait de lui dire la manière dont le type me faisait l’amour, et ce que nous avions l’habitude de nous dire l’un et l’autre en ce moment précis. Quand je refusais, il se mettait en rogne et m’accusait de garder le secret, me disant que discuter était la façon pour lui de s’assurer que je ne recommencerai plus. Parfois, lorsqu’il me voyait discutant au sujet d’un homme quelconque du travail par exemple, ou de quelque chose de nouveau dont il n’est pas au courant, il n’hésitait pas à me mettre en garde : « j’espère que tu n’es pas en train de fomenter quelque chose de vicieux, hein. Si je t’attrape cette fois-ci, je te jure que je jetterais dehors toi et toutes tes affaires. Je te le jure, je le ferai !»

À la fin, j’étais devenue l’ombre de moi-même. Cela m’affectait personnellement et psychologiquement. J’ai perdu mon estime et mon respect personnels. Même s’habiller était devenu un problème dans la mesure où je ne voulais pas porter quelque chose qui attirerait l’attention sur moi ou qui ne lui plairait pas. Je commençais presque à me haïr moi-même. Et même lorsque je découvris qu’il avait commencé à son tour à me tromper, je n’avais pas le culot de le lui demander ou de l’en mettre en garde.
J’ai finalement pris conscience que je vivais une vie maritale sans amour et que j’étais prise au piège. J’ai compris que si je ne faisais rien pour changer ma situation, je vivrai malheureux avec lui le restant de ma vie. Je ne pouvais supporter de vivre de cette manière. Cependant, il m’était difficile d’aller voir mes parents et leur dire ce que j’avais fait et sur lequel j’espérais que mon mari garde le secret. Je savais à l’avance ce que seraient leurs réactions, spécialement celle de ma mère. Aussi je me confiai à une tante et avec son support j’étais en mesure de retrouver le courage nécessaire pour parler à mon mari au sujet de ce que je ressentais à propos de son soi-disant pardon. À ma grande surprise, il n’essaya pas de s’excuser ni de s’opposer à ma décision de partir. Il traita toute l’affaire avec dédain. Il m’avait fait une faveur et je devais pour cela lui en est éternellement reconnaissante et me soumettre à ses brimades. J’avais assez payé pour ma faute. Je suis divorcée et je vis toute seule maintenant depuis sept ans et je suis plus heureuse et une bien meilleure personne.
La vérité est que tromper son partenaire restera toujours l’apanage des hommes. Quelques rares braves femmes peuvent s’y essayent, même lorsqu’elles ont été découvertes, mais l’attitude de la grande majorité des autres consiste à « avaler le morceau et s’essuyer la bouche » parce qu’il y a beaucoup de choses en jeu. Rarement un homme pardonnerait vraiment l’infidélité. S’il le fait vraiment, alors il doit être un homme exceptionnel, et cette femme doit remercier le ciel. Ou alors la femme doit avoir contribué d’une façon ou d’une autre au succès ou au progrès de l’homme à un tel point que celui-ci n’a pas d’autre choix que de composer avec elle. Mon opinion basée sur mon expérience personnelle est que les hommes ne pardonnent jamais l’infidélité, mais peuvent seulement prétendre la pardonner.

ibinimori

trad. Binason Avèkes