Carnet Noir : À la mémoire d’Éric Brian

C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès d’Éric Brian, le 13 août dernier. Son départ laisse un vide immense, pour la communauté scientifique, mais aussi pour celles et ceux qui ont eu la chance de le côtoyer de près.

Je me souviens avec une grande netteté des séminaires au Centre Alexandre Koyré. Éric y apparaissait tel qu’il était : rigoureux dans ses analyses, d’une clarté rare dans sa pensée, et toujours attentif à replacer chaque question dans une perspective historique plus vaste. Sa parole, vive et précise, portait loin. Elle savait à la fois bousculer et éclairer. On sortait de ses interventions avec l’impression d’avoir franchi un pas, d’avoir compris autrement ce que l’on croyait déjà connaître.

Ce qui frappait chez lui, c’était son sens de l’histoire. Non pas une érudition froide ou distante, mais une capacité à faire parler le passé pour comprendre le présent, à montrer la fragilité des savoirs et leur constante remise en cause. Sa clairvoyance, nourrie d’une immense culture, ouvrait toujours des horizons.

Éric était aussi un homme de franc-parler, parfois tranchant, mais toujours au service de la rigueur intellectuelle et du débat scientifique. Il savait rappeler que les sciences sociales n’ont de force que si elles assument leurs incertitudes, leur historicité, et si elles s’ancrent dans la société dont elles émanent.

Ceux qui ont travaillé ou dialogué avec lui garderont le souvenir d’un esprit libre, exigeant, mais aussi profondément généreux dans sa manière de partager ses idées, ses doutes, ses intuitions. Son absence se fera cruellement sentir, mais sa présence continue de vivre dans nos souvenirs, dans nos lectures, dans les traces qu’il a laissées.

Aujourd’hui, au moment de lui rendre hommage, je garde l’image d’un homme passionné, lucide et profondément habité par le souci du savoir et de sa transmission. C’est cette image-là, précieuse, que je souhaite retenir et partager.

Dr P.B. Kofi Aplogan, EHESS-IJN

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