Chez Nous, à Ilé Ifè : Bata Dance

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La Danse Yoruba Bata : Un Voyage Sacré au Cœur du Rituel

La danse Bata, pratiquée par les Yoruba du sud-ouest du Nigeria, est bien plus qu’une simple forme d’art corporel. Elle incarne un acte sacré, une forme de communication entre les êtres humains et les divinités, en particulier Sango, le dieu du tonnerre, de la foudre et de la justice. Cette danse, dont les racines plongent dans des siècles de traditions religieuses et culturelles, a évolué au fil du temps pour devenir un symbole de l’identité culturelle yoruba, tout en restant ancrée dans les croyances spirituelles qui la soutiennent.

La Danse Bata : Un Dialogue avec les Divinités

Dans le passé, la danse Bata servait à établir une connexion spirituelle profonde entre les adorateurs et la divinité vénérée. En particulier, cette danse était dédiée à Sango, qui est considéré comme l’une des divinités les plus puissantes du panthéon yoruba. Le mouvement des danseurs, guidé par les rythmes des tambours Bata, visait à invoquer la présence de Sango et à apaiser sa colère ou à célébrer sa puissance. La danse était ainsi un moyen d’exprimer la dévotion et de chercher à obtenir la faveur divine, tout en célébrant la nature et la puissance de Sango.

Les Tambours Bata : L’Âme du Rituel

La musique de la danse Bata repose sur une structure rythmique complexe exécutée par trois tambours distincts : le Iya, l’Itotele et l’Okonkolo. Chacun de ces tambours joue un rôle spécifique, tant dans la création des rythmes que dans la direction des mouvements de danse.

  1. Iya : Le tambour le plus grand, souvent joué par un maître batteur, est le cœur battant du rituel. Le Iya est responsable de la plupart des rythmes complexes, qui dictent les mouvements corporels des danseurs. Le rythme du Iya affecte principalement les épaules et la poitrine des danseurs, qui, à travers des gestes puissants, transmettent la force et l’énergie de Sango.

  2. Itotele : De taille moyenne, ce tambour joue un rôle de dialogue avec le Iya. Il soutient le rythme et fournit une conversation rythmique qui amplifie les mouvements corporels du haut du corps. L’Itotele est généralement responsable de l’activation des bras et des mains, les mouvements des danseurs semblant se synchroniser avec le battement de ce tambour.

  3. Okonkolo : Le plus petit des trois tambours, l’Okonkolo maintient le rythme de base de la danse. Ce tambour dirige le mouvement des hanches, de la taille et des pieds des danseurs, créant un équilibre rythmique entre le haut et le bas du corps. Bien que souvent considéré comme moins imposant, le rôle de l’Okonkolo est essentiel pour maintenir la fluidité et la coordination des mouvements.

Une Danse de Corps et d’Âme

La danse Bata n’est pas seulement une expression physique ; elle est intrinsèquement liée à la spiritualité. Les mouvements des danseurs sont dictés par les rythmes des tambours, et chaque partie du corps a sa propre interaction avec un tambour particulier. Tandis que les tambours Iya et Itotele activent le haut du corps, le tambour Okonkolo commande les mouvements des hanches et des pieds. Cela démontre l’importance de la synchronisation parfaite entre le corps et la musique, ainsi que la profonde connexion spirituelle entre le danseur et les forces divines qu’il invoque.

De la Tradition à la Modernité : La Danse Bata Aujourd’hui

Aujourd’hui, la danse Bata, bien qu’encore profondément ancrée dans la culture religieuse, a évolué pour répondre à des contextes laïques et modernes. Si certains danseurs continuent de pratiquer la danse Bata dans un cadre rituel, dans le but de célébrer Sango ou d’autres divinités, d’autres l’adoptent comme une forme d’expression artistique, en dehors du contexte religieux. Ce passage de la danse rituelle à la danse de spectacle témoigne de la flexibilité de cette forme d’art, qui continue de jouer un rôle majeur dans la transmission de l’histoire et des croyances de la communauté yoruba.

Les danseurs contemporains s’inspirent des traditions anciennes, mais ils peuvent aussi ajouter leur touche personnelle et adapter les mouvements à des circonstances plus modernes, que ce soit pour des performances artistiques ou des événements culturels. L’évolution de la danse Bata reflète ainsi l’adaptabilité des pratiques culturelles africaines dans un monde en constante évolution, tout en maintenant un respect profond pour les racines spirituelles de cette danse.

La Relation Intime entre Batteurs et Danseurs

L’une des caractéristiques les plus fascinantes de la danse Bata est la relation symbiotique qui existe entre les batteurs et les danseurs. Les tambours ne sont pas simplement un accompagnement musical ; ils dirigent activement la danse. Les batteurs observent les mouvements des danseurs et ajustent leurs rythmes en fonction de ces derniers, créant un dialogue continu et vivant entre la musique et le corps. En retour, les danseurs réagissent aux variations rythmiques, ajustant leur mouvement pour correspondre au flux de la musique. Cette interaction crée une forme de communion spirituelle et artistique, où chaque partie – tambours et danseurs – dépend de l’autre pour atteindre l’harmonie et l’équilibre.

La danse Yoruba Bata est bien plus qu’une simple danse traditionnelle. Elle est un rituel sacré, une expression spirituelle, et une forme d’art corporelle qui transcende les frontières du temps et de l’espace. En nous plongeant dans les rythmes des tambours Bata, nous pouvons non seulement explorer l’histoire et la culture des Yoruba, mais aussi comprendre la profonde relation entre la musique, la danse, et le sacré. Aujourd’hui, la danse Bata continue de jouer un rôle central dans la vie culturelle et religieuse des Yoruba, tout en s’adaptant aux nouveaux contextes, ce qui témoigne de la résilience et de la vitalité des traditions africaines dans le monde moderne.

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Bejide Alamoran

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