Flash Philo/vous me suivez ? — Qu’on Aide l’Afrique : un piège à cons

Aide à l’Afrique : un piège à cons

On parle souvent d’aide, d’aide au sujet de l’Afrique ; et la chose devient si naturelle que même l’Afrique elle-même ne jure que par ça : elle l’espère ou l’exige en vertu de rapports de coopérations, ou croit-elle, en conséquence de violences subies. Mais il est essentiel de se poser la question : quelles violences l’Afrique a-t-elle subies et dont elle n’a pas sa part de responsabilité ? Cette vérité limpide doit être claire une bonne fois pour toutes : personne en dehors de l’Afrique ne peut réellement aider l’Afrique ; et surtout pas les Blancs d’Occident – qu’ils soient d’Amérique ou d’Europe.

Dans l’acception que lui donne l’Occident, l’aide est une posture perverse et ambiguë. C’est une manière de mettre l’Afrique sous perfusion pour continuer à l’exploiter ; c’est l’aide que le violeur accorde à sa victime pour s’assurer de viols futurs ; c’est le « soutien » que le proxénète accorde à la prostituée pour continuer à la prostituer ; c’est une goutte de condescendance consentie à l’ombre des panses pleines, des greniers remplis à ras bord, des silos qui débordent, du sang de l’Afrique pompé et dont on consent à redonner l’avant-dernière goutte.

L’aide occidentale envers l’Afrique, loin d’être un geste altruiste, est souvent teintée d’arrière-pensées politiques et économiques. Cette aide n’est pas simplement un acte de charité, mais un mécanisme bien huilé de contrôle et de domination. Les pays occidentaux utilisent cette aide pour imposer leurs valeurs, leurs normes et leurs politiques économiques, renforçant ainsi leur influence sur les pays africains. En échange de cette aide, des conditions strictes sont souvent imposées, obligeant les nations africaines à adopter des politiques économiques, sociales mais aussi éthiques dictées par les donneurs d’aide. Cette dynamique crée un cercle vicieux de dépendance, rendant les pays africains toujours plus vulnérables aux pressions extérieures et réduisant leur capacité à se développer de manière autonome.

De plus, cette aide perpétue une image de l’Afrique comme un continent incapable de se prendre en charge, nécessitant constamment l’intervention de l’Occident pour survivre. Cette perception est non seulement erronée, mais elle est également profondément insultante pour les peuples africains, qui possèdent des richesses culturelles, naturelles et intellectuelles considérables. En maintenant cette vision paternaliste, l’Occident continue de nier la capacité de l’Afrique à se gouverner et à se développer par elle-même.

Il est donc crucial de repenser fondamentalement la notion d’aide et de coopération internationale. L’Afrique doit être reconnue comme un partenaire égal, capable de définir ses propres priorités et de mener son propre développement. Les pays africains doivent avoir la liberté et les ressources nécessaires pour explorer et mettre en œuvre des solutions locales adaptées à leurs contextes spécifiques. Les initiatives de développement doivent être dirigées et possédées par les Africains eux-mêmes, libérées des contraintes et des conditions imposées par les puissances extérieures.

En fin de compte, pour que l’Afrique puisse réellement prospérer, elle doit se libérer de cette aide trompeuse et se tourner vers une coopération fondée sur le respect mutuel, l’égalité et la solidarité. Les véritables alliés de l’Afrique seront ceux qui reconnaissent sa souveraineté, sa dignité et son potentiel, et qui soutiennent ses efforts sans arrière-pensées de domination ou d’exploitation. L’Afrique a tout ce qu’il faut pour réussir par elle-même ; elle a simplement besoin de la liberté et de l’espace pour le faire.

Adio Badaga