Ukraine, Guerre et Paix : Quand la Montagne Suisse Accouche d’une Souris. 

Alors que le monde entier a fini par trouver bizarre que l’Occident s’investisse à corps et à âme perdus dans la guerre d’Ukraine, sans jamais parler de paix ou de négociation- les plus informées savent même que par deux fois sinon trois, l’Occident a torpillé des pourparlers et des accords de paix en passe d’être conclu ?- le même Occident se rattrape dans une comédie helvético-alpine pour le moins idiote. 

L’idiotie vient du principe même de la rencontre et de la posture ridicule de son hôte. La Suisse, on le sait maintenant, n’est un pays neutre. Elle prend part activement au côté des pays de l’OTAN, fournit des armes à l’Ukraine et pourtant, elle continue à jouer la comédie de la neutralité pour qui veut bien la croire. Quant aux principes de la rencontre, il n’est pas sans rappeler le vote cinglant à l’Assemblée de l’ONU à l’entame de l’opération militaire spéciale russe où le nombre de pays qui n’ont pas suivi les Occidentaux dans leur position anti-russe primaire était considérable et de plus démographiquement, pour ne pas dire démocratiquement parlant, les pays qui ont qui n’ont pas condamné la Russie dépassent de loin l’îlot démographique occidental. 

Une image de la crise de l’Ukraine à l’envers  aurait été que la Russie disposât des missiles au Mexique, à Cuba etc. et encerclent les États-Unis, et que ceux-ci, après une dizaine voire une vingtaine d’années de mise en garde, excédés déclenchent une opération militaire contre Cuba. 

Aurait-on eu autant de tollés dans le monde, notamment dans le monde occidental ? Rien n’est moins sûr. Or, voilà le dilemme dans lequel les États-Unis ont voulu sciemment enfermer la Russie, et que Poutine a tranché avec vigueur et détermination après plus d’une dizaine d’années de patience. Aujourd’hui, dans une injustice et un mépris, qui est devenu une seconde nature chez les Occidentaux, ils accusent la Russie d’agresser l’Ukraine alors qu’il aurait été juste que les États-Unis ne fassent pas à la Russie ce qu’ils n’auraient pas souhaité que cette dernière leur fît. Et toute cette guerre d’Ukraine n’aurait pas eu lieu et qu’au contraire, l’Ukraine bénéficierait aujourd’hui d’un statut de neutralité qui ferait d’elle un pont entre la Russie et l’Occident. Aujourd’hui, l’Occident, fidèle à sa philosophie du théâtre qui ne trompe plus que lui-même, organise ce qu’il appelle pompeusement le sommet de la paix en Suisse. Comme le dit le porte-parole du Kremlin, les résultats de cette rencontre absurde, sont proche de zéro. Toutefois trois grandes résolutions tout aussi lunaires. Que le sommet mérite être rappelées, tant ils ont un goût de camouflet par rapport aux exigences loufoques initiales de la poupée capricieuse Zelinsky. 

1. La Sécurité autour des sites nucléaires de part et d’autre, et le refus d’user de l’arme nucléaire dans le conflit. 

2. La nécessité d’assurer la sécurité des transactions pour la libre circulation des produits alimentaires. 

3. Permettre l’échange des prisonniers en conformité avec les règles internationales. Etc. etc. 

Or donc, sachant que la Russie a toujours plus ou moins appliqué les deux dernières résolutions et qu’elle ne voit aucun inconvénient d’ailleurs à examiner la première, on se demande si la montagne suisse n’a pas accouché d’une souris ukrainienne. 

Mais à y regarder de plus près, des questions se posent par rapport à la première résolution qui concerne l’usage de l’arme nucléaire. Alors que les États-Unis et l’Occident s’agitent depuis plusieurs mois et non plus de retenue à fournir à l’Ukraine des armes pour que celle-ci puisse frapper la Russie en profondeur, ciblant parfois des populations civiles innocentes comme à Belgorod ou des sites stratégiques de la Russie – cette mise en garde contre l’usage de l’arme nucléaire résonne comme une volonté donc de brider la capacité défensive de la Russie. On voudrait l’empêcher de se défendre contre une coalition de plus de 30 pays qu’on ne penserait pas autrement.  

La question se pose et à l’évidence, les Russes n’en sont pas dupes. Leur nouvelle doctrine militaire prévoit le recours à l’arme nucléaire, tout au moins stratégiquement, si la sécurité du pays était menacée. Dans ces conditions, l’arrêt du harcèlement politico-militaire de la Russie par les États-Unis et l’OTAN n’est-elle pas la meilleure façon de prévenir l’usage de l’arme nucléaire ?. 

Tout ceci montre, si besoin n’est, que l’Occident s’enferme dans une un jeu à la fois absurde et dangereux. Et que ce ne sont pas des séances médiatisées de masturbation diplomatico-ethniques qui apporteront la paix ?

Boris Azzedine

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