La Paix en Ukraine : Pourquoi l’Union Européenne est Démagnétisée ? 

À cette étape cruciale du conflit russo-ukrainien où plus que jamais l’appel à la paix est d’une nécessité historique, force est de s’apercevoir que l’un des obstacles à la paix, ce n’est ni l’entêtement pathétique de Zelenski, ni l’excès éventuel des exigences des Russes, mais la confiance que ceux-ci sont prêts à faire à l’Occident en tant que garants de cette paix. 

Le précédent des accords de Minsk est là pour faire réfléchir les uns et les autres. Ces accords signés en 2014 entre l’Ukraine et la Russie, l’OSCE ainsi que les Républiques séparatistes du Donbass, visaient à mettre un terme au conflit, espéraient les Russes en toute naïveté. Or, dans l’esprit retors des Occidentaux, c’était tout le contraire. Selon leurs plans dignes de Machiavel, ces accords visaient à gagner du temps, pendant que l’Occident armait et entraînait l’Ukraine pour une confrontation militaire programmée et voulue avec la Russie. 

Que telle ait été la finalité des accords de Minsk est une chose, mais que les dirigeants des deux pays occidentaux garants de ces accords l’aient avoué eux-mêmes est autre chose. En effet, on peut se demander quelle mouche a piqué tour à tour Angela Merkel et François Hollande, respectivement chancelière de l’Allemagne et président de la République française d’alors, à faire ses aveux ? 

Eh bien c’est à n’en pas douter la mouche de la frénésie et de la certitude de la victoire ! Au début du conflit en 2022, les Occidentaux, vent debout, sûrs de leurs calculs, tenaient la défaite de la Russie pour une évidence biblique. En France, le ministre de l’économie et des finances, le visionnaire Bruno Le Maire, avait même promis de faire s’effondrer l’économie russe. Pour les Occidentaux, la victoire était une question de semaine ou de mois. C’est pour cela que Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, est allé à Kiev mettre en garde Zelensky contre toute velléité d’accord de paix avec les Russes. C’est donc dans cette euphorie d’une victoire certaine et inéluctable que Merkel et Hollande crurent bon se lâcher. Ce qu’ils offraient à l’opinion occidentale, c’est la cerise sur le gâteau de la chronique d’une victoire annoncée. Il s’agissait, de façon cynique et malicieuse de révéler au monde, comment l’Occident a bien mené son coup d’un bout à l’autre depuis au moins le coup d’État de Maidan appelé révolution, jusqu’au déclenchement de l’opération militaire spéciale russe en Février.2022 ; comment les russes se sont fait avoir — ce qui devait corroborer et amplifier la tonalité propagandiste ambiante.

Or, entre-temps, le vent de la confiance a tourné. L’Ukraine est allée de défaite en défaite, des tombereaux de milliards de dollars et une variété bigarrée d’armes, de toutes sortes sont envoyés à l’Ukraine, mais rien n’y a fait. Enfin, la contre-offensive ukrainienne qui allait changer la donne, a tourné à l’eau de boudin

Rétrospectivement, on voit que la précipitation des Occidentaux à abattre la carte de leur cynisme est aujourd’hui la source de l’obstacle à la paix. Car quand bien même la Russie voudrait s’asseoir aujourd’hui à une table de négociation, ce ne serait certainement pas avec les Européens qui ont perdu tout crédit — moralement et diplomatiquement. La seule issue possible est de régler l’affaire ukrainienne entre les deux puissances qu’elle concerne au premier chef et en dernier ressort : les États-Unis et la Russie. En effet par son cynisme et l’abdication de sa souveraineté, l’Europe s’est irrémédiablement démagnétisée. 

Boris Azzedine