
Dès le début de la guerre d’Ukraine, les Occidentaux — politiques et médias confondus — affichaient l’assurance royale de faire tomber bientôt la Russie. Que ce soit économiquement ou militairement, il faut dire qu’ils pêchaient par abus de confiance en eux-mêmes. La raison en est qu’ils savaient que l’Ukraine n’était qu’un voile, un cheval de Troie, un masque ; que le mantra de la vaillance prétendue de l’armée ukrainienne n’était qu’un dormitif, dont ils ont embouché la trompette. Encore une fois, les Occidentaux se croyaient malins d’avoir inventé un type de guerre par procuration où plus d’une trentaine de pays combattaient ardemment un seul — la Russie — en faisant croire que c’est l’Ukraine qui se battait, se défendait contre la Russie. C’est cette mascarade qui fondait leur certitude.
Très vite, la certitude a été mise en défaut sur le plan économique. Si la guerre économique contre la Russie avait tenu ses promesses, les Occidentaux auraient été un peu plus ivres de la grande idée qu’ils se font de leur intelligence. Mais son échec, si elle n’infirme pas celle-ci, a été loin de la prouver. Alors, ils se sont frénétiquement rabattus sur la guerre militaire. Ils ont transformé l’Ukraine en un véritable cheval de Troie. Or, malgré et peut-être à cause de ce manège, les Occidentaux sont surpris, voire choqués, qu’ils n’y arrivent pas. Ils déchantent, et tombent du haut de leur falaise de certitude. Cette déconvenue qu’ils ont du mal à admettre provient du fait qu’ils ne comprennent pas comment un seul pays de 140 Millions d’habitants peut sortir victorieux d’une guerre contre une trentaine de pays de près de 700 Millions d’habitants, œuvrant de conserve dans un cheval de Troie nommé Ukraine.
Le but des États-Unis, qui sont obsédés de se voir dépasser par la Chine, est double : affaiblir et vassaliser encore plus l’Europe, pour en faire la cinquième roue de son carrosse économique et ethnique. Et, pour être en ordre de bataille contre la Chine, il fallait commencer par éliminer l’obstacle de la Russie, ce pays modeste par la démographie mais grand par la taille et la puissance militaire. L’objectif des Américains est de démanteler la Russie et de la morceler en dominions Coca Cola. Visée qui ne déplaît pas aux pays Européens qui en veulent à la Russie en raison de son anti-colonialisme historique ; et qui sont jaloux aujourd’hui que cet humanisme naturel de la Russie, opposé historiquement à leur visée prédatrice, la place à la tête du plus grand pays au monde, sans jamais avoir, comme eux, commis des massacres et des génocides, esclavagisé ou colonisé les peuples : c’est là avec le Grand Schisme d’Orient, l’un des ressorts tenaces de la russophobie occidentale.
Face à un tel risque, il va de soi que la Russie joue sa survie, là où l’Amérique joue son hégémonie. Or, à puissance militaire et où nucléaire égale, un pays qui joue sa survie a cent fois plus de chance de l’emporter face à un pays qui joue une hégémonie dont le navire, condamné par l’histoire, prend eau de toutes parts. Et c’est justement ce qu’oublie la venimeuse engeance des pays occidentaux menée par les États-Unis.
Boris Anochkine
