« Coup d’État » au Gabon : Pourquoi la France a mis hors jeu Ali Bongo

Le moins que l’on puisse dire est que l’Afrique passionne la France. Et elle n’entend reculer devant aucune honte ni excès pour y réaliser ses fantasmes les plus débridés. Alors qu’elle  a essuyé au moins deux coups d’État au Sahel : Burkina Faso et Mali – le cas de la Guinée restant douteux – et que le Niger met ses dirigeants hors d’eux-mêmes, la France a le cran de concocter un « coup d’État » au Gabon, calqué sur le mode de ceux qui se déroulent en Afrique de l’Ouest. Ce faisant, elle veut abuser de la naïveté de l’opinion africaine et internationale. Elle fait l’hypothèse  que l’opinion considérerait la parodie gabonaise comme un acte endogène, exprimant à la fois les tumultes d’un continent déboussolé mais aussi la main invisible des Russes.

Mais le fait est que, en Afrique, la France est dans la merde jusqu’au cou. Et, selon le proverbe qu’on prête aux pygmées, « quand on est dans la merde jusqu’au cou, on peut encore y être jusqu’au yeux ! » Dans le désarroi, la France toujours empêtrée dans sa vision raciste des Noirs comme des sous-hommes naïfs, tourne en roue libre. Au mieux elle veut montrer au monde que les officiers patriotes du Sahel n’ont pas plus le copyright de leurs actions que le Général pantin qu’elle vient de positionner au Gabon n’en a sur le sien. Une manière de noyer le poisson de la ferveur libératrice des peuples africains, de montrer que la Russie – puisqu’à l’en croire c’est Poutine qui est derrière ce qui se passe au Sahel » n’a pas le monopole des coups d’État. Si la parodie gabonaise ne tourne pas en eau de boudin, elle peut bien constituer un modèle de contre feu antidémocratique à l’usage des pays francophones non encore frappés par le vent des actions libératrices.  

Mais, en dépit de cette audace scénique de la parodie gabonaise concoctée par la France il faut bien rendre raison d’une action qui garde tous les traits  d’une révolution de Palais.  En clair, pourquoi la France a-t-elle décidé après 60 ans, de se passer des services de la dynastie Bongo  ? Pourquoi  Paris a mis hors jeu Ali Bongo ?

Voici une liste non-exhaustive de neufs raisons :

  1. Le président déchu du Gabon s’était éloigné de la France;
  2. Le Gabon, pays francophone a rejoint le commonwealth s’éloignant ainsi de la francophonie;
  3. Le Gabon du président Ali Bongo a signé plusieurs accords avec la Chine, suscitant la colère de Paris qui était habitué à voir les entreprises françaises raflé tous les contrats dans le pays;
  4. Le premier ministre gabonais a été assez ferme face aux journalistes français venus l’interviewer sur les relations de son pays avec la Russie;
  5. France 24 et Rfi ont été suspendu par le pouvoir Bongo comme au Mali, au Burkina Faso et au Niger;
  6. La condamnation de la France par Olivier Veran, le porte-parole du gouvernement français était assez timorée, on y voit un manque de véhémence;
  7. le président français Emmanuel Macron qui a l’habitude de réagir très rapidement lors de l’annonce d’un coup d’État, ne s’est toujours pas exprimer;
  8. Les médias français utilisent des lexiques qui diabolise la famille Bongo, une manière de laisser penser que ce coup d’État si est bon et juste;
  9. Ali Bongo a appelé à l’aide en langue anglaise et non pas en français, ce qui voudrait signifier qu’il n’a plus d’allié en France.Adenifuja Bolaji.

Adenifuja Bolaji