
Venu d’ailleurs le salaud, il violait la mère ; et longtemps durant, dans une impunité totale et naturalisée.
Puis insensiblement, les temps changèrent : quelques jeunes rebelles de la famille des victimes réussissent à se faire entendre par la justice. Mais devant les juges, voilà que le salaud dérive dans la litote. Il dit qu’il n’avait pas fermé la porte au moment des faits, que tout s’est passé dans un lit ; que le cadet de la famille tenait la chandelle au moment des faits sans y voir de mal ; et pour être précis, il ajoute qu’il n’y a pas eu sodomie mais qu’il a usé des voies naturelles de l’amour…
Et voilà que jouant son jeu à leur corps défendant, les membres de la famille apportent la preuve que la porte était fermée, que les choses ne se sont pas passées dans un lit ; et surtout qu’un rapport médical montre bien qu’il y avait eu pénétration anale, et que la thèse poétique des voies naturelles de l’amour n’était que menterie…
Et entre-temps, coup de tonnerre, voilà que le mécréant, jouant sur la candeur collective de ses victimes, fait volte-face et promet que la prochaine fois il apportera un lit pliant, et veillerait à rester sur le droit chemin des voies de l’amour… Dans toute cette histoire, jamais ne fut prononcé le mot viol… Or ne pas mettre les mots sur les choses, c’est se condamner à un piège sans fin…
Et c’est ça le drame du CFA, dans sa version crue…
Aminou Balogun
