Au détour d’une virgule placée dans une constitution, le Président en fin de mandat décide contre toute attente de se présenter pour un 3ème mandat considéré comme le 1er d’une nouvelle série, et le peuple, l’opposition, les bonnes âmes démocratiques poussent des cris d’orfraie. On s’émeut, on s’indigne on hurle sa déception, et on crie à la trahison de la Démocratie.
En toute logique, ce grand vacarme suppose qu’une écrasante majorité du peuple s’oppose à la ruse considérée comme une intolérable entorse à la Démocratie. Mais alors, puisque la majorité est contre le forfait au nom de la démocratie, pourquoi ne le fait-elle pas savoir dans les urnes ? Pourquoi ne saisit-elle pas cette rare occasion pour congédier le forban ?
Le fait est que les choses sont claires : en Afrique, pour le Président, se présenter aux élections est synonyme de les gagner. Or, s’il en est ainsi, ayons l’honnêteté de dire que nous ne sommes pas en démocratie. Et si nous ne sommes pas en démocratie, on comprend que le Président veuille rempiler et que sa ruse n’est qu’une manière de nous mettre devant le fait accompli d’un jeu que nous avons accepté de jouer d’entrée. Donc, si nous voulons un tantinet nous montrer honnêtes, ne blâmons pas la décision d’un troisième mandat illégal ; blâmons ce que nous appelons démocratie elle-même de ne pas permettre au peuple d’élire ou de congédier qui il veut quand il veut.
La Démocratie ce n’est pas seulement le respect du verrou du nombre de mandats, c’est d’abord et avant tout la capacité du peuple d’élire les dirigeants de son choix dans une élection juste, ouverte, transparente et non truquée. Tant que la mise hors jeu de cette capacité se cachera derrière l’espérance d’une bonne volonté du Président, alors Bonjour le énième Mandat !
Aminou Balogun
Bonjour la Rédaction. Assez pertinente, votre analyse sur l’actualité récurrente en Côte d’Ivoire, puisque c’est du pays d’Alassane Ouattara qu’il s’agit. En réalité juridique, toute démocratie se passant par voies politique, législative, constitutionnelle et surtout populaire, il appartient au peuple, détenteur du pouvoir et des forces et voix pour élire et désigner ses dirigeants et gouvernants, en exprimant par les urnes, son choix et ses préférences, si tels étaient réellement son bon désir et sa volonté. Mais là où le bas blesse, c’est de savoir, outre ses bulletins qu’il va déposer dans ces urnes, outre le vrai choix qu’il aura opéré par le suffrage exprimé, de quelles forces et de quels moyens à sa portée ou son parfait et inviolable contrôle, ce peuple dispose pour faire respecter les véritables résul- tats de son vote ? Par quelle alchimie, nos peuples en Afrique, sont-ils assurés de ne pas avaler les couleuvres qui ne sont pas les leurs, lorsqu’on est habitués à des résultats gagnés au 1er tour, avec un score traditionnel de 60 et quelque% sinon au-delà ? That is the question, mon frère. On dit souvent, que lorsque Hercule, le plus fort, le plus puissant, le géant du moment, t’enc….e, mieux vaut te taire, le laisser finir son oeuvre afin qu’il te lâche très vite, au lieu de crier et de gémir de douleurs, au risque encore de l’exciter à plus de plaisirs et de persévérance. Que ceux qui comprennent, comprennent, hélas. Voilà mon Afrique.