Comment la France a fait pour réduire au silence les 6 autres pays francophones de l’Afrique de l’Ouest, et ne donner la parole qu’au seul Ouattara, dont le monde entier sait qu’il est son toutou, installé de force au pouvoir à l’issue d’une guerre d’usure politique et militaire menée sur fond de manipulation des sentiments ethniques ?
Depuis la mascarade d’Abidjan, on observe en effet un silence de nécropole dans les autres capitales francophones de l’UEMOA : à Cotonou, Lomé, Niamey, Ouagadougou, Bamako, Dakar, on se planque, on fait le mort… Chacun observe une discipline de fer digne des sociétés conformistes d’Asie, alors que l’Afrique a souvent brillé par son agitation et sa culture de la discorde que tout au long de l’histoire l’Occident a beau jeu d’attiser, de susciter et d’exploiter.
On a parlé avant la mascarade d’Abidjan ; on a notamment entendu Talon faire des annonces pseudo-fracassantes– mise en scène subtile du TIF (Théâtre internationale Françafrique). Puis après la mascarade d’Abidjan ce fut le silence radio. Ce qui donne le sentiment que, à l’instar de ce qui se passe en France même, où la signature d’un tel accord de si haute portée internationale n’a fait l’objet d’aucun débat parlementaire, l’affaire de l’ECO est tenu sous le boisseau. Fort est le sentiment que, plus que jamais, les dirigeants africains francophones ne sont pas là pour défendre les intérêts de leurs peuples, mais au contraire pour les vendre pieds et poings liés aux Blancs. Cette triste image, qui n’a hélas rien d’imaginaire, n’est pas sans rappeler la non moins triste période de l’esclavage. De cette période, la thèse selon laquelle c’étaient les rois africains eux-mêmes qui vendaient leurs propres sujets a encore la vie dure et possède des tenants de bonne foi. Et l’actualité, au vu du comportement des dirigeants francophones, pour ne pas dire africains tout court – il n’y a qu’à voir le louvoiement ou la pusillanimité diplomatique des pays comme le Ghana ou le Nigeria – semble donner raison aux zélateurs de la thèse de la culpabilité a priori de l’Afrique.
Mais en réalité, le silence de mort des dirigeants africains, qui laissent la jeunesse seule au front de la lutte contre l’esclavage continu du continent, est révélateur non pas de la culpabilité a priori des Africains mais du terrorisme occidental qui est au principe de cette culpabilité. Si hier, les dirigeants africains qui ne coopéraient pas au régime ou à la philosophie de la traite négrière, étaient éliminés et remplacés par leurs rivaux ethniques ou religieux consentants – et dans quel système politique au monde n’y a-t-il pas de rivaux ? — aujourd’hui, celui qui ose parler contre l’esclavage français est pris entre deux feux : ou bien il subit le sort de Gbagbo ou bien il subit celui de Kadhafi – mort politique et/ou mort biologique !
De quoi remuer le spectre de la terreur dans l’esprit du plus téméraire des dirigeants africains.
Voilà pourquoi tous les dirigeants de l’UEMOA se planquent, et chacun joue à « plus-mort-que-moi-tu-meurs »
Adenifuja Bolaji