Il faudrait inventer en Afrique une forme de gouvernement qui protège à la fois les peuples et les gouvernants de l’interférence, des chantages et de la mainmise des étrangers, notamment occidentaux. Le but de cette protection à double niveau est de faire en sorte que la liberté des uns de gouverner leurs peuples dans l’intérêt de ceux-ci soit préservée et que la liberté des peuples d’être gouvernés dans leur intérêt ne dépende ni du bon vouloir de leurs gouvernants ni de ceux des Occidentaux qui s’érigent en maîtres tout-puissants.
L’ébauche de cette forme de gouvernement protecteur à double niveau semble avoir été inventée par les Holli, un peuple du Sud-est béninois, connu pour sa résistance à la colonisation. Le principe de ce gouvernement protecteur institué par les Holli était la désobéissance concertée à la loi coloniale ; il se traduisait par une division politique du travail de résistance. Quand les Colons venaient collecter l’impôt de capitation jugé injuste par les populations, ils trouvaient les villages entièrement déserts de ses hommes et femmes. Seul le roi était présent pour les accueillir ; et avec le plus grand sérieux, le monarque expliquait aux percepteurs coloniaux qu’il était un roi malheureux désobéi par ses sujets.
Et les percepteurs coloniaux, la mort dans l’âme repartaient bredouilles, jusqu’à la prochaine saison…
Si nos ancêtres avaient été capables d’ébaucher cette forme de résistance concertée contre la violence des Blancs, pourquoi ne pouvons-nous pas nous en inspirer, l’étoffer et l’adapter à notre réalité d’aujourd’hui ? Après tout, le proverbe fon ne dit-il pas que c’est sur l’ancienne corde que l’on tresse la nouvelle ?
Aminou Balogun