
Assis dans le hall d’accueil du terminal 2E de l’Aéroport de Roissy Charles De Gaulle cet après-midi, attendant l’arrivée du vol JL 45 provenant de Haneda, Tokyo, prévue pour 16 h 10.
En face de moi, dans une fosse aérienne située au-delà du tableau d’affichage, un écran déroule les merveilles esthético-publicitaires du génie parisien, images de rêve qui constituent la marque France.
Belles jeunes femmes blondes – c’est-à-dire jamais noires ou basanées – jeunes hommes en rapport, à la poitrine velue, sortant de la mer bleue, et ruisselant d’eau. Toutes les merveilles de cette fausse image de la France qui est vendue au monde.
Dior – jeune femme blonde sortant de la mer, corsage doré, sandale légère.
Henessy Paradis impérial : parfum dans une fiole couleur rouge sang
Bulgari Aqua : jeune homme sortant de la mer, ruisselant d’eau
Champagne Moet Impérial
Louis Vuiton VL
Tag Heur, Montre à Quartz…
Et tutti quanti…
Ces images aseptisées et à mille lieues de mille réalités défilaient sans cesse, vendant le rêve d’un monde d’opulence bâti sur des siècles de vol et de viols de haut vol..
Mais disent-elles les milliers de milliards d’euros que depuis bientôt 60 ans la France a volés et vole aux trésors des pays africains astreints à lui payer, à l’instar d’Haïti, la dette coloniale ?
Nous autres de cette génération savons cela. La France peut continuer à se pavaner au monde comme le pays de la beauté, du style, de la mode, de la poésie, de l’esthétique, de l’Amour, de l’ Égalité et des Droits de l’Homme.
Mais nous autres, de la génération Kémi Seba savons que nous sommes le sang de ce miroir aux alouettes.
Saïzonou-Grémont Dominique, Poète slameur, Bruxelles
