
Dans un article intitulé « Tactiques autour du brut: La baisse des prix du pétrole est à l’origine d’une crise monétaire au Nigeria. L’interdiction des importations n’est pas la solution » , publié dans The Economist, jeudi dernier, le magazine, dans une analyse de la politique économique du président Muhammadu Buhari, écrit que « depuis huit mois que M. Buhari est arrivé à Aso Rock, les djihadistes assassins de Boko Haram ont été repoussés dans la brousse le long des frontières du Nigeria. Le gouvernement sévit contre la corruption, qui a fleuri sous le précédent président, Goodluck Jonathan, un pantin inepte qui a laissé les politiciens et leurs acolytes remplir leurs poches en toute impunité. »
Cette stigmatisation abusive de l’ancien président, comme le révèle le quotidien Punch n’est pas du goût de nombre de Nigérians, qui se demandent de quoi se mêle le journal britannique. Leurs réactions de colère ont embrasé la toile et fait le tour des médias sociaux.
Pourquoi les politiques et les médias occidentaux s’immiscent sans vergogne ni scrupule dans les affaires intérieures des autres pays, notamment les pays non-occidentaux ? En grande partie, les désordres, les guerres et le terrorisme qui secouent le monde, et plus particulièrement le moyen orient aujourd’hui ne sont pas étrangers à cette culture de l’intervention des Occidentaux, qui se croient tout permis, et considèrent les autres nations du monde, notamment les anciennes nations colonisées, comme des appendices géopolitiques ou des arrière-cours impériaux. Dans cette caractérisation injurieuse de l’ancien président, comme c’est souvent le cas des agressions similaires contre l’Afrique ou des Africains, malheureusement, les premiers complices des occidentaux, leurs incitateurs et assistants sont les Africains eux-mêmes. Il est temps que les uns et les autres se ressaisissent. Dans ce sans gêne néocolonial avec lequel, au nom de la science et de la liberté d’expression il se permet de critiquer les affaires des anciennes colonies britanniques, The Economist n’en est pas à sa première. Que les Africains qui jouent passionnément les chacals des blancs, extirpent leurs cerveaux du nuage de l’aliénation coloniale ; que les Occidentaux sachent quant à eux qu’il y a des limites à ne pas dépasser dans l’exercice de leur curiosité, aussi intellectuelle ou humaine soit-elle.
Jonathan n’est sans doute pas exempt de tares mais de grâce que les Anglais en laissent l’appréciation aux Nigérians et aux Africains, et s’occupent de leurs oignons.
Alan Basilegpo
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