De la Nécessaire Connais- sance Empirique du Futur Élu Par le Peuple Électeur

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cossi-bio-osse2_thumb.jpgD’une certaine manière, on peut se demander quelle est la valeur effective de la voix de l’électeur en démocratie. Dans l’élection démocratique, il y a bien sûr le moyen — basé sur le principe d’un homme une voix — mais il y a aussi la fin qui est l’émergence d’un élu et d’un régime capable, dans le cas du Président de la République :
1°/ d’apporter des solutions aux nécessités vitales du peuple, et à son bien-être
2°/ de conduire la destinée collective vers un cap de bonne espérance et de dignité dans le concert des nations.
Il n’est d’ailleurs pas dit que ces deux objectifs soient toujours compatibles. La question qui se pose toujours en démocratie est de savoir quelle est la valeur éthique et pratique de la volonté du peuple ? Est-ce qu’il suffit que quelque chose voit voulue par la majorité du peuple pour être frappé de l’onction du souverain bien politique ? C’est en cela que les deux objectifs relevés précédemment ne sont pas toujours compatibles. Par exemple, sous des formes ou des formulations variées, la majorité des Français n’aiment pas les étrangers d’un amour débordant. Et pourtant est-ce qu’une politique anti-immigrés offensive est dans l’intérêt de la France ? La réponse est sans aucun doute non. Donc c’est bien la preuve que ce que veut la majorité d’un peuple n’est pas forcément dans l’intérêt du pays.
Sans tomber dans le paternalisme politique, c’est-à-dire la tendance qui consiste à prétendre connaître plus que le peuple ce qu’il lui faut, doit-on nécessairement considérer comme une vérité finale la volonté de la majorité ?
La pertinence de cette question donne tout son sens au rôle de représentation de l’homme politique. Au fond ce que signifie l’élection d’un représentant politique, c’est la décision de délégation non seulement du pouvoir mais de l’intelligence sur les questions de la société. Cette délégation ne signifie du reste pas un blanc-seing , mais elle suppose une surveillance et un dialogue entre le représentant et le peuple.
Et, par-dessus tout, le représentant est soumis a priori à un ordre d’émanation socialement et politiquement déterminé. Cela veut dire que le représentant, en tant que futur délégué du peuple, n’est pas choisi en raison de ses capacités d’expert mais plutôt sur la seule base de la connaissance empirique que la peuple a de lui dans l’arène politique.
De ce point de vue, l’élection du représentant politique — conseiller, maire, député mais aussi et surtout, Président de la République — n’est pas sans rappeler la procédure du choix d’un roi dans une monarchie héréditaire. Dans une monarchie héréditaire, le roi est choisi parmi les princes du royaume. De la même façon, dans une démocratie, le président de la République, plus que les représentants politiques ordinaires, est choisi parmi la classe des hommes politiques nationaux empiriquement connus
Le président ainsi élu fait partie des hommes politiques qui ont fait leur preuve dans la cité, sous le regard du peuple. Il est même le premier d’entre eux. La connaissance que le peuple a de sa personne, et qui informe pour une bonne part son choix est tout entier enracinée dans cette expérience. Cette connaissance, au vu de l’attente du peuple, n’est certes pas infaillible. Et tout le sens de la liberté en démocratie réside dans la capacité dont dispose le peuple de la reconsidérer le cas échéant.
On comprend donc pourquoi, le moins qui doive être requis dans l’élection du président de la République dans une Démocratie digne de ce nom, est la preuve de la connaissance empirique que le peuple a du candidat qui se présente à son suffrage.
Au Bénin, on est en droit de se demander quelle est la connaissance empirique que le paysan de Comè ou de Materi a des candidats comme Pascal Irenée Koupaki, Abdoulaye Bio Tchané ou Lionel Zinsou.
Faute de répondre positivement à cette question, le candidat qui insiste et avance tête baissée dans l’arène présidentielle sait qu’il le fait en dépit du bon sens, dont Descartes  disait qu’il était la chose la mieux partagée.
Prof. Cossi Bio Ossè

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