
Le Bénin se préparait à entrer en guerre avec un pays étranger. Un Yovo se présente et dit aux autorités du Ministère de la Défense qu’il veut combattre aux côtés du Bénin. Monsieur Taïwo, son interlocuteur, lui dit qu’il est français, et que le Bénin est un pays africain. De plus selon des sources concordantes, le pays avec lequel le Bénin est en guerre est soutenu par la France. Mais le type insiste et dit qu’il est Béninois. Son nom qu’il tient de son père, en fait foi. Tout le monde en convient. Un tel patriotisme, surtout en période de guerre, où beaucoup de Béninois du cru désertent, ne saurait être ignoré.
On autorise le type à intégrer l’Armée parmi les soldats du rang.
Mais le type s’indigne, et se montre exigent. Appuyé par la propagande des Français amphibies de son acabit et des milieux d’intérêt français, sous prétexte qu’il a combattu dans la légion étrangère jusqu’au grade de Général, savez-vous ce que réclame le type ? Eh bien le Yovo demande à être chef d’État major de l’Armée Béninoise ! Rien que ça ! On lui tend la main et il veut prendre le bras et le corps entier. Pas soldat du rang, ni maréchal des logis, ni adjudant, ni lieutenant, ni capitaine, mais Général et Chef d’État major ! Tout de même, pour quelqu’un qui n’a jamais appartenu à l’armée béninoise c’est fort du café !
Aimer son pays et vouloir contribuer à sa victoire est une chose ; exiger pour ce faire d’être le chef d’une armée à laquelle on n’a jamais appartenu, c’est tout autre chose !
M. Taïwo considéra son interlocuteur Français d’un œil sidéré. « Ɔrɔ, è ti yé mi » lui dit-il en yoruba. Et le type dit « Quoi ? »
Bien sûr le Yovo n’a pas compris : il ne connaissait aucune langue du pays.
Aminou Balogun