Depuis que j’ai officiellement renoncé à ma nationalité béninoise pour celle du Ghana, pays de ma grand-mère maternelle, pour retourner dans ma ville natale, Porto-Novo, je suis obligé de prendre un visa. Et, l’autre jour, j’étais allé prendre des visas pour mon fils et moi-même au consulat du Bénin à Paris. Je ne sais pourquoi nos deux visas — le mien et celui de mon fils — ont été signés par deux officiers différents alors que les passeports avaient été rendus ensemble le même jour. Aléas de l’organisation bureaucratique me diriez-vous. Mais là n’était point la grande surprise. Le plus intrigant dans l’affaire c’est le fait que les deux officiers signataires fussent d’origine nordique, comme leur patronyme le laissait entendre sans aucune ambigüité. Ce qui pour le coup avait l’air de réintroduire le principe d’unité dont le défaut m’avait surpris au départ. Comment dans un pays où il y a bien plus de sudistes que de nordistes, pareille distorsion administrative peut se donner libre cours à la première occasion ? C’est que nous sommes sous le règne impie de M. Yayi où la grande occupation politico-administrative est de favoriser systématiquement certaines catégories ethniques au détriment d’autres et ce au mépris du bon sens, de la justice, de la cohésion nationale, de l’équité sociologique et de la réalité démographique. Il est sûr que pour que ce pays africain retrouve son souffle et reparte d’un bon pied, il va falloir que le prochain régime détricote méticuleusement tout ce treillis de bêtise, de corruption, et de médiocrité rance qui quadrille sa structure administrative et gestionnaire afin de l’assainir au service du développement national
Barthélémy Ayidozan
