Le gouvernement fédéral a suspendu de ses fonctions ce jeudi le Gouverneur de la Banque Centrale du Nigéria, Mallam Sanusi Lamido Sanusi. Dans un communiqué diffusé par Mr Reuben Abati la nouvelle a été rendue publique ainsi que la nomination de Mme Sarah Alade, la plus ancienne des Gouverneurs Adjoints, comme gouverneur par intérim de la CBN.
Le communiqué a fait état de ce que le mandat de Sanusi a été caractérisé par « divers actes d’insouciance financière et de fautes incompatibles avec la vision de l’administration d’une banque centrale portée par les valeurs fondamentales de la gestion économique que sont la prudence, la transparence et la discipline financière. »
La déclaration ajoute que Jonathan a ordonné que Mallam Sanusi cède son fauteuil à Mme Alade qui servira en tant que Gouverneur par intérim jusqu’à la fin des enquêtes en cours sur des infractions aux lois habilitantes, la régularité des procédures et le mandat de la Banque Centrale du Nigeria.

Signalons que M Sanusi a été à l’origine de la révélation d’un scandale de la disparition mystérieuse de plusieurs milliards de dollars dans la caisse de l’Agence des Revenus pétroliers. Le montant exact en dollar des sommes manquantes a donné lieu à une polémique entre le gouvernement et le Gouverneur, puisqu’il a tour à tour varié entre 50 milliards et 20 Milliards. Ces révélations et l’usage qu’en a fait M Obasanjo dans sa lettre au vitriol à Jonathan en décembre dernier ont suscité l’ire de M Jonathan qui dans sa fureur avait déjà tenté de mettre fin aux fonctions de Monsieur Sanusi. Mais la polémique s’est apaisée pour raison de prudence financière et monétaire liée à l’image de la CBN.

Depuis plusieurs années, M Sanusi a cultivé l’image d’un croisé de la lutte anticorruption, d’un homme qui n’hésite pas à monter au créneau pour assainir les pratiques et les actes économiques dans un pays dont les institutions économiques et politiques sont parmi les plus corrompues du monde. Récemment encore, dans un discours à l’adresse des jeunes, il a levé le ton contre «  les nantis qui défendent des positions acquises au détriment de la transparence et de la justice économique. » Mais jusqu’à quel point cet affichage et ce côté donneur de leçons ne sont pas une posture et une couverture d’une gouvernance anarchique et tout aussi corrompue que celle que dénonce le Gouverneur c’est ce que les enquêtes diligentées par l’exécutif vont établir, la présomption d’innocence en la matière restant la règle

Affaire à suivre

Binason Avèkes