L’Ambiguïté Stratégique : Une Posture Insane et Hypocrite
« Avez-vous l’arme nucléaire ? »
« Peut-être bien que oui, peut-être bien que non… »
« Seriez-vous prêt à en faire usage dans telle ou telle condition ? »
« Peut-être bien que oui, peut-être bien que non… »
Si vous entretenez l’ambiguïté stratégique sur le fait que votre femme possède un pénis ou pas, cela la met-elle à l’abri du viol au sens conventionnel du terme ?
C’est ce genre de posture moralement discutable que l’on désigne en termes de géopolitique militaire par l’expression « ambiguïté stratégique ». Une politique qui se veut subtile, mais qui, en réalité, confine à l’insanité morale. En effet, cette doctrine consiste à semer le doute chez l’adversaire quant à la possession ou à l’usage éventuel de l’arme nucléaire. Mais est-ce réellement nécessaire de maintenir une telle incertitude, alors même que l’arme nucléaire est, par nature, une arme de dissuasion ?
L’Illogisme de l’Ambiguïté
D’un point de vue rationnel, on peut se demander : pourquoi prendre le risque de provoquer une confrontation nucléaire simplement pour maintenir l’illusion que l’on ne possède pas cette arme ? En effet, si un État doute de la capacité nucléaire de son adversaire, il supposera naturellement le pire, ce qui pourrait mener à une escalade incontrôlée. L’idée de faire planer le doute pour en tirer un avantage stratégique semble, au mieux, dangereusement naïve et, au pire, suicidaire. Cette approche peut être comparée à une situation absurde où, pour protéger un plat de sauce, on écrirait sur la marmite : « Attention, mort aux rats ». La menace est ridicule si elle n’est pas crédible, et tragiquement risquée si elle l’est.
Une Doctrine Passionnante pour Certains
Et pourtant, l’ambiguïté stratégique fascine certains dirigeants. Parmi eux, on retrouve le président français, Emmanuel Macron, roi des ambiguïtés, le président «de l’en même temps ». Pourquoi cet engouement ? D’abord, parce que cette doctrine semble, à ses yeux, briller d’une lueur intellectuelle fascinante. Pour un homme qui ne se prend pas pour une merde intellectuelle, cette stratégie pourrait être perçue comme une forme de raffinement politique, une manière de se démarquer par une pensée complexe et nuancée. Ensuite, cette ambiguïté confère soudainement une valeur et une signification positives à un concept généralement perçu de manière négative et péjorative. L’ambiguïté devient ainsi une vertu, un outil politique sophistiqué, plutôt qu’une simple manifestation d’incertitude ou de tromperie.
L’Hypocrisie Déguisée
Cependant, malgré les justifications intellectuelles avancées par Macron et ceux qui partagent cette vision, l’ambiguïté stratégique n’est rien de plus qu’une rationalisation pédante de l’hypocrisie. Elle ne parvient pas à masquer son immoralité fondamentale. La manipulation du doute et de l’incertitude pour maintenir une position de pouvoir ne peut être dissociée de l’immoralité qui en découle, cette valorisation du mensonge qui devenue une seconde nature dans une civilisation et une époque de décadence. Derrière le voile de la subtilité intellectuelle se cache en réalité une posture hypocrite, où la fin justifie les moyens, même lorsque ces moyens flirtent dangereusement avec l’irresponsabilité et le cynisme.
Un Risque pour la Paix Mondiale
Au-delà de l’hypocrisie, l’ambiguïté stratégique représente un véritable danger pour la paix mondiale. En refusant de clarifier leur position sur la possession et l’utilisation de l’arme nucléaire, les États jouent un jeu dangereux. Ils encouragent un climat de méfiance et de paranoïa, où chaque nation se sent obligée de supposer le pire pour assurer sa propre sécurité. Ce faisant, ils augmentent le risque de malentendus et d’escalade, menant potentiellement à des conflits nucléaires. En conclusion, l’ambiguïté stratégique, loin d’être une politique intelligente ou subtile, est une forme d’hypocrisie qui met en péril la sécurité mondiale. Il est temps de repenser cette doctrine, de la rejeter pour ce qu’elle est réellement : une menace pour la paix et un reflet d’un échec moral dans la conduite des affaires internationales.
Aminou Balogun