De la Côte d’Ivoire au Sahel : l’Abjection Française en Afrique

Les Occidentaux, ce sont des gens qui se moquent du monde. On a vu comment ils se sont moqués de la Russie en Ukraine. La même chose se passe en Afrique avec la France. Le rang de la France dans le monde dépend de son exploitation éhontée de l’Afrique. Tous les pays occidentaux le savent ; les États-Unis le savent, l’Allemagne le sait, l’Italie le sait – on a entendu  son actuel premier ministre, madame Méloni, le crier sur tous les toits avant de se dégonfler une fois arrivée au pouvoir. Mais tous autant qu’ils sont, en tant que pays de Blancs, ils sont conscients qu’ils ont intérêt dans le fait qu’un des leurs manipule,  domine et pille un pays de Noirs. Pour les  Blancs, c’est normal, c’est rassurant, le monde est ainsi fait qu’ils doivent dominer les Noirs : s’ils sont debout, le Noir doit rester couché, s’ils sont heureux le Noir doit être malheureux ; s’ils sont libres, le Noir doit être soumis.

La France a mis tout son art dans sa capacité de miroiter en termes poétiques les crimes sanglants et économiques qu’elle commet en Afrique. Ce faisant, elle montre à ses frères blancs son savoir faire, son art du domptage du Noir. Dans cet ordre d’idée, elle a crée et imposé le CFA, une astuce pour transformer les Noirs en esclaves sans les mettre dans des négriers comme jadis, sur leur propre terre – un coup de génie dont elle n’est pas peu fière.

Dans ce parti pris crapuleux, tout ce que disent les Français relève de l’art sophistiqué du mensonge : mensonge des grands hommes aux petits, mensonge des vrais hommes aux sous-hommes – mensonge que la domination linguistique qui se vit comme une seconde nature est venue sanctionner. Certes, chaque pays construit sa propre vérité sur le mensonge aux autres à des degrés divers, mais si ceux contre lesquels la France ment au plus haut degré doivent vivre dans le même bain linguistique  qu’elle, alors ces derniers sont faits comme des rats. Ainsi, tant que nos enfants continueront de parler le français dans nos écoles, nous sommes faits comme des rats, notre destin d’aliénés et d’esclaves mentaux est scellé. Nous sommes foutus à vie. Pour les Noirs d’Afrique, la francophonie est un non sens et une calamité.

Un exemple politique montre ce jeu du mensonge et du mépris des Africains  par la France. Au début des années 2000, la France voit d’un mauvais œil le western politique ivoirien qui a amené Gbagbo à la tête du pays dans des conditions que l’intéressé lui-même qualifie de calamiteuses. La France fait tout pour faire tomber Gbagbo, parce qu’il n’est pas docile et ambitionne de défendre l’intérêt des Ivoiriens  avant celui des multinationales françaises qui ont la haute main sur l’économie du pays. La France sort la carte de la division ethnique et religieuse : le nord musulman Sénoufo, Malinké contre le sud chrétien Bété, Agni Baoulé ; et pire encore, le Nord musulman contre les Bétés, la France s’étant assurée de la neutralité servile d’ Henri Konan Bédié qui, entre autres monnaies d’échanges, lui vaudra que son nom soit donné ( par Ouattara) à un pont d’Abidjan. La France remue ciel et terre, arme des rebelles et transforme un zéro comme Soro en héros politique. Elle provoque et nourrit la guerre civile, monte en épingle le Burkinabè Ouattara, qu’il promeut comme un Démocrate technocrate innocent et ostracisé. Avec la complicité de l’ONU dirigée par l’opportuniste complexé Ban Ki-Moon, la France torpille et discrédite les élections organisées par Gbagbo ; celui-ci demande le recomptage des voix, mais en vain : la France et l’ONU refusent, criant à tue-tête à la victoire de leur ludion Ouattara. La guerre fait rage. C’est là que Sarkozy le raciste sanguinaire fait donner l’armée française, qui donne l’assaut au palais présidentiel ivoirien. Monstrueuse illégalité couverte par l’ONU et la « communauté internationale. » En ce moment-là, on ne pouvait pas dire que le malheur de Gbagbo fût le souci de la Russie ou de la Chine. L’une et l’autre, espérant encore tirer leur épingle du jeu de leurs relations avec l’Occident, ne se décarcassaient pas beaucoup  au conseil de Sécurité. Mais il a suffi d’une décennie pour que – via l’Ukraine ou Taïwan — ils déchantent.

C’est ainsi que Gbagbo a été détrôné et fait prisonnier. Transféré dans une prison de la CPI à la Haye, il y restera dix ans avant d’être blanchi de toute accusation. Le temps de permettre à Ouattara de se rendre entièrement maître de la situation politique de la Côte d’Ivoire.

Mais alors, là où se pose le problème du mensonge, de l’hypocrisie et du mépris du Noir, c’est dans la suite de ce qu’il s’est passé en Côte d’Ivoire. La France porte une lourde responsabilité dans les crimes et violences qui se sont abattus sur la Côte d’Ivoire pendant ces années Gbagbo de triste mémoire. Elle a fait des choses inqualifiables. Admettons que la fin justifie les moyens et qu’elle ait à cet égard un motif valable : la protection et la consolidation de la Démocratie en Côte d’Ivoire. On peut certes se demander quel droit elle a de s’attribuer un tel fardeau sachant qu’elle ne le ferait ni pour la  Chine ni pour le Guatemala. Mais ne coupons pas le cheveu en quatre. Le problème posé ici est d’ordre moral et logique.

Le problème est que, quand vous êtes responsable de tant de sang versé, de tant de souffrance infligées au peuple ivoirien pour lui vendre la Démocratie, pourquoi faire si peu de cas du service après-vente ? Quand Ouattara qu’elle a érigé en héros de la Démocratie et pour lequel elle a déclenché et soutenu une guerre qui a fait des milliers de morts, fait entorse en plein jour à la Démocratie, viole la constitution et se paie un troisième mandat à travers des élections frauduleuses, où des dizaines d’ivoiriens son tués, pourquoi la France ne dit plus rien ? Pourquoi fait-elle le mort ?

C’est moralement abject, en dessous de tout ! L’exemple ivoirien n’est qu’un cas de cette abjection française en Afrique dont elle paie actuellement le prix fort au Sahel…

Adenifuja Bolaji