Ukraine : l’Occident va-t-il en arriver à une Guerre Nucléaire Active ?

La première utilisation militaire effective de l’arme nucléaire était une utilisation passive, dans la mesure où sa victime, le Japon, à l’époque ne disposait pas du même armement. Maintenant, les choses ont changé, et l’agresseur de l’époque, les États-Unis, n’a plus le monopole de l’arme nucléaire. Plus grave encore, ils ont en face d’eux un ennemi, la Russie, dont on ne peut pas dire qu’elle est la dernière de la classe nucléaire. Dès lors, plus rien ne sera comme dans le cas de Nagasaki ou d’Hiroshima : la guerre nucléaire sera active (entendre par-là réciproque et totale) ou ne sera pas. Dans ces conditions, on peut se demander comment l’OTAN- c’est-à-dire la coalition militaire des États-Unis et de ses dominions européens – peut envisager de faire et de gagner une guerre contre la Russie, la première puissance sinon l’une des plus grandes puissances nucléaires de la planète. 

En fait, si aujourd’hui la Russie porte le poids rhétorique du déclenchement de la guerre par ce que les occidentaux appellent « invasion » et qu’elle-même a appelé « opération spéciale en Ukraine », en vérité celle-là est l’œuvre ou plus exactement une manœuvre de longue date préparée par les USA. L’un des plus gros embarras provoqués par l’intervention de la Russie concerne le timing qui ne correspond pas aux plans des occidentaux ; d’où l’attitude de l’Ukraine de vouloir, aux premières heures de l’opération russe, négocier. La volonté ukrainienne n’était certes pas inscrite dans un souci de paix, mais elle était une tactique pour gagner du temps. 

Mais les Occidentaux en ont décidé autrement, forts de l’idée que toute tergiversation ne ferait que bénéficier à la Russie. Mais alors il nous faut répondre à la question posée qui ne manque pas de sens ; c’est-à-dire que les Occidentaux étaient bien dans une logique de guerre vis-à-vis de la Russie. Alors quels sont les buts de cette guerre et, pour reprendre la question initiale, comment faire et gagner une guerre contre l’une des plus grandes puissances nucléaires de la planète? 

Les buts de la guerre consistent en ce que les États-Unis, qui colonisent à eux seuls l’Europe et une grande partie du monde, appellent pince sans rire « la décolonisation de la Russie ». La raison ? Les États-Unis veulent être le seul lion de la jungle terre; dès qu’ils voient un état géographiquement et/ou démographiquement imposant, doté d’une puissance militaire de taille, ils n’ont de cesse d’en finir avec lui. C’est ainsi qu’ils décidèrent, avec l’aide de l’ONU devenue un instrument en leurs mains, de modifier le paysage géopolitique du Moyen-Orient pour, entre autres choses, rassurer leur allié qu’est Israël. La protection de l’État juif leur sert de justification morale : protéger une nation qui a souffert du génocide nazi peut être une bonne couverture pour les crimes passés, présents et avenir qu’ils ont à leur actif. 

La guerre contre la Russie est naïvement calquée sur le précédent de l’effondrement de l’URSS que les États-Unis considèrent qu’ils ont gagnée. Or ce qu’ils ne voient pas, c’est que la guerre contre l’URSS n’était pas une guerre militaire mais plutôt une guerre économique, médiatique et politique. Sachant qu’il serait fort hasardeux d’en arriver à l’usage de l’arme nucléaire, l’espoir des États-Unis c’est d’user de stratégie qui mettrait en jeu à la fois l’effet de surprise, une rapide victoire militaire dans le Donbass et la reprise de la Crimée, accompagné d’un bombardement de sanctions économiques. Telle était la stratégie pour affaiblir et terme « décoloniser » la Russie. 

Or toute cette stratégie a fait long feu. La Russie en attaquant la première l’a privée de l’effet de surprise sur laquelle elle était fondée; elle a annexé une grande partie du Donbass et maintient fermement la Crimée dans son giron. Quant aux sanctions économiques, la Russie a été mithridatisée contre elles depuis au moins 2014, date à laquelle l’Occident a commencé à déverser sur elle un déluge de sanctions. Sous la houlette éclairée de Poutine, la Russie s’est patiemment et intelligemment préparée. En fin joueur d’échecs, le maître du Kremlin, a pris les bonnes décisions, comme l’imposition faite aux Européens du paiement en rouble des matières premières russes. Sans compter le soutien indéfectible de la Chine et d’autres pays, à la fois outrés par l’autoritarisme des sanctions occidentales — dont certaines confinent au vol pur et simple — et paniqués à l’idée d’être de potentielles victimes de ce type de représailles iniques. La Chine sait que si la Russie échoue ce serait à son tour d’être aux prises avec les États-Unis — et pas seulement sur le dossier taïwanais sur lequel ils s’excitent et qui leur sert de prétexte pour en venir au conflit ouvert. Dès lors, il va de soi que la Chine sait que la Russie lui sert de fusible et pour cette raison, à défaut d’une aide militaire déclarée, elle ne ménage pas sa complicité et son soutien économiques. Si bien qu’au total, que ce soit militairement ou économiquement, les États-Unis et leurs alliés ont lamentablement mordu la poussière. Il ne leur reste plus qu’à déclarer une guerre directe contre la Russie avec tout le risque de déflagration nucléaire que cela comporte ; ou bien faire une guerre médiatique avec l’arme de la propagande sur fond d’une russophobie élevée au rang de religion d’état. Mais là-dessus, compte tenu de ce qu’ils font déjà, ils auront du mal à innover !

Bogdan Abramov

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