
Depuis plus de 20 ans la Russie n’a cessé de mettre en garde l’Occident non seulement sur l’Ukraine mais sur les avancées de l’Otan vers ses frontières.
Mais ces mises en garde loin d’être entendues sont ignorées, méprisées. Dirigé par les États-Unis tout à leur fixation sur le morcellement de la Russie –, méthode antique de diviser pour régner qu’ils utilisent contre tout état perçu de près ou de loin comme représentant une menace à leurs intérêts léonins – l’Occident a fait et entretenu la sourde oreille sur la légitime inquiétude géopolitique et sécuritaire des Russes. Considérant que la Russie était démagnétisée avec l’effondrement de l’Union Soviétique, les États-Unis estiment que, loin de formuler des exigences géopolitiques, elle devrait tout simplement avoir l’obligeance de se ranger parmi la poussière d’États de l’Eurasie issus de l’ancien bloc soviétique dont ils piaffent d’impatience de prendre la direction impérialiste au franc symbolique ; à coup d’Otan, de Macdonald, de Coca-cola et compagnie, sur fond de GAFAM, de séries B et des mièvreries hollywoodiennes, comme c’est déjà le cas des pays de l’Union Européenne.
Des promesses faites à Gorbatchev de ménager la Russie, jusqu’aux accords de Minsk, qui leur a servi de torche-cul, la Réponse de l’Occident a brillé par son mépris et son cynisme, l’obstination dans la volonté de passer en force, de considérer la Russie comme indigne de ses desiderata géopolitiques, qu’ils tiennent pour nuls et non avenus. Ils entendent passer du démantèlement de l’URSS, considéré comme la première manche et marche d’un long combat au démantèlement de la Russie, qui en serait le but et la fin ultimes. Ce passage nécessaire à leurs yeux sanctionnerait la victoire finale de l’Occident sous la bannière hégémoniste des États-Unis.
Les États-Unis et leurs alliés Européens en étaient là dans leur entêtement dominateur et manichéen lorsque la Russie envahit l’Ukraine, leur cheval de Troie à ses frontières. Maintenant que la guerre est là, au lieu de la désamorcer, et parce qu’ils ont tout fait pour – en dépit de et passé l’effet de surprise du timing de l’offensive russe–, ils en ont relevé le défi. Dans une supercherie médiatico-politique, ils laissent croire à une guerre entre l’Ukraine et la Russie, alors que contre la Russie, c’est l’occident tout entier qui fait la guerre sans l’avis de ses peuples en violation des principes démocratiques dont il se réclame à cor et à cri.
Jusqu’où ira ce parti-pris guerrier hypocrite ? Sans doute jusqu’au dernier Ukrainien, car pour l’Occident, cette guerre est une question de vie ou de mort — politique, géopolitique, économique, et financier. Si en dépit de leurs provocations soutenues et de leur mépris contre la Russie, l’invasion de l’Ukraine a été tactiquement une surprise pour les Occidentaux, qu’en serait-il d’une intervention nucléaire ? Tout le monde épilogue sur la question nucléaire, comme naguère on épiloguait sur l’intervention possible de la Russie en Ukraine. Peut-on exclure cette possibilité lorsque tout l’Occident caché dans le Cheval de Troie de l’Ukraine fait la guerre à la Russie dans le seul but de la démanteler ? Jusqu’où la Russie laissera trainer le conflit sans passer à la vitesse supérieure ?
On peut dire sans se tromper que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est pour le mépris des accords de Minsk par les Occidentaux, ce que sera une intervention nucléaire dans une guerre mondiale qui ne dit pas son nom. Et là comme auparavant, on ne pourra pas accuser la Russie de n’avoir pas prévenu. On se souvient que l’un des arguments fallacieux avancés par les Américains pour cacher les motivations ethnocentristes et racistes qui se cachaient derrière l’utilisation de la bombe nucléaire contre le Japon était qu’elle permettait d’accélérer la fin de la guerre. Pour le coup, et alors que les bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki ne sont qu’un joujou, comparées à celles que détient la Russie, première puissance nucléaire, Poutine pourrait retourner ce même argument non sans une certaine crédibilité.
Mais cyniques, on peut comprendre que les Occidentaux préfèrent encore une bonne guerre mondiale au besoin avec des armes nucléaires — en somme une destruction du monde — plutôt qu’un monde en place mais où ils auront perdu leur place.
Adenifuja Bolaji
