
Il y a actuellement un tollé autour de ce qui est déploré comme abus de pouvoir des GAFAM. Ce tollé émanant d’une partie de la société américaine est relayé en Europe avec des accents d’indignation politiques et passablement nationalistes. On déplore surtout le droit de censure que ces groupes privés au demeurant étrangers s’attribuent, mais aussi leur intrusion dans les vies privées, à travers les informations personnelles qu’ils stockent sur chacun de leurs usagers.
Bref, on feint de découvrir le pouvoir de ces groupes hégémoniques américains à défaut de leur existence. Et, dans ce concert de déploration bien pensante dans lequel les Européens jouent la partition de la vertu indignée, on évite astucieusement de poser les bonnes questions. Tout le monde part du fait accompli, comme s’il était une fatalité génétiquement inévitable. Or, certaines de ces questions non-posées à dessein sont d’une simplicité phénoménale. Par exemple, Google, Facebook, Tweeter, Instagram, Youtube, Amazon, et Cie sont-ils des fatalités mondiales ? Ont-ils mis le couteau sous la gorge des usagers européens pour recueillir leur adhésion ? Les Européens y auraient-ils si spontanément adhéré fussent-ils des groupes russes ou chinois ? Est-ce que les Américains ont mis un revolver sous la tempe des Européens pour leur interdire de créer leurs propres groupes de réseaux sociaux comme l’a fait la Chine sans crier gare ?
Comment avoir accepté le principe insidieux de réseaux sociaux monopolistiques émanant d’une seule nation – fût-elle la plus puissante du monde — puis feindre après coup de découvrir les conséquences de ce laisser-faire idéologiquement motivé ?
À la vérité, les Européens qui se sont laissé prendre au piège de l’hégémonisme du grand-frère américain se consolaient des vertus ethnocentriques de cette fraternité sans en considérer les vices. Au bout du compte, ils découvrent un peu tard il est vrai que la fraternité n’exclut par la brimade.
Donc, dans cette affaire d’abus de pouvoir des GAFAM, le moins que l’on puisse dire est que la gaffe est on ne peut plus partagée…
Adenifuja Bolaji
