La Bouilloire et le Feu : Critique de l’Abstention Éthique des Africains

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Difficile de se faire une idée de ce que veulent les peuples africains, pour ne pas dire les Noirs. Dans notre écrasante majorité, la proportion de ceux qui s’intéressent, et encore plus s’investissent dans les sujets ou domaines cruciaux pour notre liberté et notre  prospérité collective est infime, comparée aux proportions équivalentes chez les nations, races ou continents qui ont réussi leur percée dans l’arène du monde.

Souvent les Noirs font semblant et se cachent volontiers derrière le petit doigt des généralités éthiques censées définir la vie internationale, les rapports ou les droits humains. Cela arrange beaucoup la situation du Noir d’être un être humain au sens éthique du terme. Cette reconnaissance permet par exemple de faire tout ce que les êtres humains font, et dont on ne voit pas souvent qu’il les font parce qu’ils en sont les promoteurs ou les garants. Et que se passerait-il dans un monde où le seul fait d’être un être humain ne suffirait plus pour faire certaines choses si banales comme prendre un avion pour aller d’un point à l’autre du globe ? Supposons qu’il soit voté une résolution des Nations-unis disant que toute personne ressortissant d’un continent où on ne fabrique pas d’avion ne saurait être autorisé à prendre un avion, que ferions-nous ? Où irions-nous ? Supposons — et là un exemple bien concret —  qu’il soit décrété pour des raisons de responsabilisation qu’avant d’être importateur de voitures, tout état doit s’assurer qu’aucune voiture ne roule sur plus d’un kilomètre de route non bitumée criblée de nids de poule ? Que ferions-nous ?

Quand on gratte un peu, derrière le masque de la bonne volonté conformiste africaine, il y a un vide abyssal cerné de questions sans réponse. Les choses que des gens réfléchis et conscients doivent faire spontanément et effectivement par eux-mêmes, il ne faut surtout pas compter sur l’Africain pour le faire. Les choses que les gens — que ce soit les Blancs, les Japonais, les Coréen ou Chinois — ont fait pour en être à leur niveau aujourd’hui, il ne faut surtout pas compter sur le Noir pour le faire. Le Noir vit dans le présent et l’immédiat et ne veut surtout pas qu’on l’embête avec des contraintes et des conditions. Pour les conditions, il préfère autant que faire se peut les suffisantes et laisse volontiers les nécessaires aux logiciens. Rappelez au Noir que les Chinois ont d’abord roulé en vélo massivement et pris le temps de construire leurs routes avant d’entrer progressivement et de façon ordonnée dans la culture de consommation de masse de voitures, eh bien le Noir fera l’aveugle et le sourd. Il ne voit que ce qu’il veut. Et comme la nature l’a doté de quoi payer ce qu’il veut, il ne se gêne pas. Jadis, il paya par quatre cents ans de traite négrière, maintenant il paye par le pétrole, l’uranium, le cuivre, l’or, le coton, etc.. Demandez-lui pendant combien de temps encore il pourra compter sur la nature pour obtenir ce qu’il veut, il ne comprendra même pas votre question, vu qu’il vit dans l’immédiat. Et si d’aventure ce déficit chronique a quelque raison historique à sa décharge, le Noir n’hésite pas à s’engouffrer dedans et la brandit comme justification. D’où sa tendance à se plaindre du passé, lui qui ne prévoit jamais l’avenir, à pointer du doigt l’esclavage  ou le colonialisme comme si ses ancêtres étaient tout à fait étrangers à ces fléaux.

Pourquoi le Noir est ainsi fait ? Les Blancs ont parlé à notre sujet de paresse. Mais cette explication, qui souvent dans la bouche du Blanc tend à cacher sa propre culpabilité et frise l’insulte raciste, ne rend pas raison de l’abstention éthique du Noir. La preuve, sous la trique du Blanc, l’esclave noir à travaillé plus de quatre siècles durant. Et c’est de son travail que le Blanc a tiré sa prospérité et sa superbe d’aujourd’hui, c’est de cela qu’est fait ce monde qu’il présente comme son œuvre exclusive.

Non l’argument de la paresse ne tient pas la route, à moins d’y ajouter que la propension au travail chez le Noir n’est pas spontanée et ne se réalise que sous la contrainte.

Mais ne nous égarons pas. Le problème soulevé ici n’est pas celui du travail ou de l’éthique du travail, mais celui du caractère aigu de la conscience de responsabilité, et des conditions nécessaires de la réalisation de ses désirs. Si je veux de l’eau bouillante, je dois penser me procurer un récipient, de l’eau et du feu. Pourquoi le Noir ne pense  ni à la bouilloire ni au feu mais veut de l’eau bouillante ? Question connexe : Pourquoi nos intérêts se portent sur toutes sortes de choses futiles et dérisoires, amusantes ou faciles, à l’exception, dans chaque domaine dont dépend notre devenir, de tout ce qu’il convient de faire au préalable.

Dans le meilleur des cas, nous accréditons une autre insulte complémentaire du Blanc, à savoir notre nature hypothétique de grands enfants, adeptes de la pensée magique, synonyme de sous-hommes. L’abstention éthique des Africains face au devoirs qui conditionnent leur prospérité et leur liberté, est le grand problème de notre être au monde, et peut-être à terme de notre non-être au monde.

Dr Aklasatɔ Zéphyrin

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