Bénin 2021 : la Moralité du K.-O.

En 2011, Yayi Boni perpétra un K.-O. électoral. Le K.-O. électoral, c’est le fait, pour le candidat arrivé en tête au premier tour, de réaliser un score supérieur à 50%, ce qui court-circuite le second tour politiquement problématique.

Depuis le Renouveau Démocratique, les configurations politiques en lice n’ont jamais permis ce cas de figure improbable. Hormis le cas de Soglo qui ne parvint pas à se faire réélire en 1996, il va de soi que le bénéficiaire du K.-O a plus de chance d’être un président en exercice.

Mais en 2011, avec Yayi Boni, à la grande surprise des Béninois et des Africains, la chose se produisit. Arrivé en tête lors du premier et seul tour de ce scrutin historique, Yayi Boni était crédité du score de 53,14%. Dans une métaphore pugilistique cette prouesse inédite fut nommée K.-O. électoral, voire même holdup électoral par ses détracteurs et les Béninois incrédules.

En commettant ce crime pour assouvir son obsession de réélection qui le taraudait depuis son arrivée au pouvoir en 2006, Yayi Boni se doutait-il que 10 ans plus tard son successeur, ex-ami devenu son irréductible ennemi rééditerait son geste en pire ? Patrice Talon a été crédité de plus de 85%  des suffrages lors de l’élection du 11 avril dernier, réalisant ainsi le super K.-O que ses hérauts médiatiques annonçaient bille en tête.

Dans son délire de réélection forcené que nombre de Béninois qui aujourd’hui se plaignent du coup de force de Talon, comprirent voire cautionnèrent en 2011, Yayi Boni se doutait-il du risque de mimétisme qu’il prenait ? Se doutait-il qu’il ouvrait une sinistre boîte de Pandore ?

Moralité : il n’y a jamais de mal anodin ni exceptionnel ; il n’y a jamais de crime privé ou à discrétion. Si vous ouvrez un sentier du mal, il s’en viendra toujours quelqu’un d’autre pour en faire un boulevard : Nous y sommes !

Adenifuja Bolaji

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