
Tout à coup, sans autre forme de procès, Yayi Boni s’était mis à crier que Talon voulait le tuer. Mais ce cri resta douteux ; et, bien que son objet fût gros comme le nez au milieu de la figure, les Béninois y restèrent sourds et méfiants. La raison de cette surdité sceptique plus ou moins calculée était que le cri de détresse de Yayi n’était le corollaire synthétique de rien d’officiel.
Dans la mesure où Yayi Boni n’avait pas hurlé sur les toits son acte de naissance en tant que progéniture présidentielle de Talon, comment voulait-il que le peuple le prît au sérieux lorsque celui-ci, pour, sauver ses intérêts égoïstes en danger, dans une logique de Far West, décida de l’éliminer ?
Enfin de compte, l’une des preuves logiques de l’effectivité de l’entreprise homicide de Talon à l’encontre de Yayi a été sa décision de se substituer à lui officiellement, de réaliser constitutionnellement ce qu’il avait tenté de faire biologiquement et anticonstitutionnellement ; et cette décision, par sa réussite, consacre la substitution du parricide à l’infanticide.
Boniface Azanpo
