
De Hogbonu à Agbomè, en passant par Gléhoué et Allada, cette situation de travestissement de l’histoire politique instaurée par le conquérant colonial, en fin de compte, fait le jeu de tout le monde ; elle est à l’origine de notre malheur : l’insémination réussie de notre aliénation politique, mentale et symbolique.
Aujourd’hui, on parle de rois de Porto-Novo, de Ouidah, d’Allada ou d’Abomey. Passe encore pour Porto-Novo, dans la mesure où la condition de vassalité de Hogbonu vis-à-vis du Danhomè, quoiqu’historiquement claire, prêtait à discussion sinon à dispute. Pour Abomey, le royaume qui fut mis en selle sur les cendres du Danhomè défait n’est jamais qu’une résurrection artificielle des Français. D’où la longue saga des Agoliagbo dans leur désir de se cramponner à un trône dont ils s’estiment à jute titre les dépositaires exclusifs, puisque le nouveau Danhomè n’est qu’une espèce de « Agboliamè ».
Quant à Ouidah et Allada, c’est le comble de la parodie politique, un véritable mépris de l’histoire. Avant la conquête coloniale et depuis l’œuvre de bâtisseur d’Agadja, il n’y avait que le Yovogan à Gléhué, et le Aplogan à Allada. Ce sont les Français qui, après la conquête ont crée la royauté d’Allada en installant le roi Gigla sur un trône taillé sur mesure. De quel droit ? On ne sait ! Dissoudre l’œuvre politique d’Agadja du 18ème au seul fait de leur conquête du 19ème siècle finissant, mais en reconnaissant l’existence d’Abomey -même défiguré – quelle irrationalité de la part des Français, ces compatriotes de Descartes!
Maintenant, on parle de roi par-ci et de roi- par-là dans un environnement territorial envahi par une nuée de rois, de têtes couronnées et de chefs en tout genre. Et ceux-ci, pince sans rire, se dressent sur leurs ergots, alors qu’ils ne tiennent leur existence farfelue que d’une légitimité exogène. En somme des proto-Lionel Zinsou avant l’heure.
Amanvi Bodéa
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