Bénin 2016 : Yayi, Petit KK et le K.-O.2.0

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Il faut commencer à faire pression dès maintenant sur le régime Yayi avant que l’irréparable n’arrive. Cet irréparable c’est l’intronisation programmée de Komi Koutché, alias petit KK.
Comme chacun l’a vu, les trois institutions clés qui ont la haute main sur l’élection présidentielle, dans une troublante synergie agissent dans le même but. Comme par hasard, toutes choisissent des chemins de travers. Le président de la République a convoqué le corps électoral à une date opportunément calculée en fonction de la problématique de l’âge de son poulain. La CENA à son tour a choisi les dates qui permettent au vin présélectionné de mûrir suffisamment avant la date du banquet. Et pour couronner le tout, la Cour Constitutionnelle dans un arrêt loufoque a créé la jurisprudence douteuse de l’équation « 39,1 = 40. »
Résultat, comme le dit non sans pertinence M. Michel Adjaka, le président de l’UNAMAB, il n’y a rien sans rien. « La cour a une idée de qui sera le prochain président », et œuvre de conserve avec la CENA pour traduire dans les faits la volonté du Président, à l’instar de la Cour Dossou en 2011.
Il s’agira donc d’un passage en force programmé, maîtrisé, astucieusement mis en route et dans lequel chacune des institutions concernées joue à merveille sa partition. Mais la question qu’on est en droit de se poser c’est, qu’étant donné pour acquis le principe funeste du passage en force sous la forme déjà rodée du K.-O. électoral, pourquoi Yayi Boni fait-il une fixation sur Komi Koutché, alors qu’il y a plus d’un candidat qui ferait l’affaire ?
Eh bien, Yayi Boni fait une fixation sur Komi Koutché pour deux raisons qui sont liées entre elles.
1.° En raison de l’inexpérience politique de Komi Koutché qui le prédispose au rôle de marionnette idéal de Yayi devenu ancien président en 2016, mais qui meurt de persévérer dans son être, en tenant les rênes effectives du pouvoir par ludion interposé, choisi parmi ceux qui politiquement ne sont rien sans lui et tout grâce à lui.
2.° En raison du jeune âge de Komi Koutché. Cet argument participe de la manipulation des opinions, et ce d’un double point de vue. D’une part, parce que le jeune élu bénéficiera d’un préjugé favorable. La jeunesse qui devrait être le fer de lance de la protestation contre la fraude qui aura prévalu à son élection truquée serait circonvenue, séduite par une figure portante présentée comme prometteuse à laquelle elle s’identifierait spontanément ou de façon induite. Et d’autre part, la jeunesse du nouvel élu ferait de lui la coqueluche des média, un véritable héros en même temps qu’une figure d’innocence contre laquelle les accusations de fraude n’auront pas de prise. Au contraire, le système de Yayi Boni, à coup de millions, vendra au monde entier la fraîcheur et le dynamisme d’un président plein de promesse et de volonté, un président moderne et au diapason d’une société où les jeunes constituent la majorité de la population.
Voilà les raisons pour lesquelles Yayi Boni fait fixation sur Komi Koutché. S’il choisissait un autre homme plus épais politiquement et plus mûr, non seulement il n’est pas sûr de pouvoir le driver une fois que celui-ci serait devenu président — et Yayi Boni se sait lui-même un exemple vivant du lien entre âge et influençabilité en politique. Et, de plus, dans le passage en force que constituera le nouveau K.-O.2.0 qu’il prépare, il est absolument important que l’image de la jeunesse soit suffisamment éblouissante pour aveugler les protestataires de tout poil, décourager les sceptiques et séduire les naïfs notamment l’opinion internationale dont le regard éloigné sur la vie politique la condamne à une vue superficielle des événements.
C’est pour toutes ces raisons que ce n’est pas dramatiser que de dire la gravité de l’heure. La manœuvre en préparation est claire. Son processus est enclenché diligemment par ses acteurs, dont la synergie ne fait aucun doute. Pour ne pas avoir à être mis devant le fait accompli, le peuple, l’opposition, les partis, la Société civile, les syndicats doivent faire un casus belli de cette légitimation de la contrebande politique par la Cour constitutionnelle, qui a par sa décision loufoque entériné l’équation 39,1 = 40,0.
Ce combat doit être mené au nom de la loi, au nom de la constitution dont l’article 44 stipule clairement que nul ne peut être candidat s’il n’a 40 ans révolu. Yayi Boni a besoin de l’atout de la jeunesse pour couvrir le passage en force qu’il prépare avec son nouveau K.-O. 2.0. Il a besoin, au moment où on lui opposerait la fraude, que le monde entier, les jeunes en tête, soit séduit par la jeunesse de son dauphin et transige sur les moyens frauduleux de son émergence.
Yayi Boni est une calamité. Ce serait une fatale erreur que de laisser cet homme continuer à présider dans l’ombre aux destinées de notre pays après 2016 ; sachant les crimes de tous ordres dont lui ou son régime sont comptables, et dont le moindre n’est pas la division nationale dans l’art pervers duquel il est passé maître.
Si nous ne menons pas ce combat préalable, alors il sera trop tard de vouloir jouer les héros d’une révolution incertaine, aussi juste que soit sa cause

Adenifuja Bolaji

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