BRICS, l’Inde, l’Afrique et l’Occident : une  Confusion de Paradigme

Depuis quelques mois et notamment depuis le début de la guerre en Ukraine, les BRICS donnent des maux de tête aux Occidentaux, car leur volonté d’un monde multipolaire gagne du terrain ; et la dédollarisation de l’économie mondiale qu’elle porte en germe, jour après jour, se concrétise et sort du domaine des vœux pieux. Aussi, les États-Unis et leurs petits dominions européens n’ont de cesse de déstabiliser voire de saboter ce groupe voué à un rééquilibrage des forces géopolitiques mondiales. Le sort réservé aux gazoducs Nord Stream I et Nord Stream II montre si besoin en est que les Occidentaux ne sont pas à un sabotage près. 

Et, dans les tentatives pour accomplir ce funeste dessein, la France qui s’illustre dans les complots machiavéliques à caractère malicieux souvent joliment travestis en causes humanitaires, s’est donnée en leurre ; elle est montée au créneau. C’est ainsi que Macron a lancé l’idée pour le moins saugrenue d’une demande d’invitation à la réunion des BRICS, prévue en août en Afrique du Sud. Sous les dehors d’une volonté d’entente et de dialogue, il s’agit bien sûr d’une tentative d’entrisme. Mais cette manœuvre a fait long feu. En effet, à la surprise de la France qui croyait qu’en tant que pays occidental spécialisé dans l’art néocolonial de s’imposer aux Africains noirs, elle allait avoir le feu vert,  l’Afrique du Sud a opposé à ces trompeuses velléités une fin de non recevoir. Malgré cet échec, les Occidentaux ne démordent pas, ils espèrent que l’Inde pourra être le ventre mou des BRICS. Ainsi se sont-ils jetés à corps perdus dans des opérations de charme en direction de l’Inde. D’une manière bilatérale certains pays essayent d’afficher l’image d’une relation privilégiée avec l’Inde afin d’affaiblir la dynamique multilatérale des BRICS. Ainsi, le Premier Ministre indien, Narendra Modi est reçu par Joe Biden qui lui a déroulé le tapis rouge le 10 juillet ; et  le 14 juillet dernier, le même Narendra Modi est l’hôte d’honneur aux cérémonies de 14 juillet en France. On sait que là où il y a à faire montre de supercherie diplomatique la France n’est jamais en reste.

Mais à coup sûr, les pays occidentaux, la France en tête, se trompent de paradigme. L’idée que l’Inde sacrifierait ses intérêts supérieurs et ceux de son peuple pour sauver l’Occident de la menace des BRICS est une pure ineptie colonialiste. Cette idée néocoloniale qui réussit à la France en Afrique noire est impensable en Inde. C’est en Afrique en effet que la France, sur une simple pichenette, parvient à faire faire à ses dirigeants comme Ouattara, Bongo, Biya, Nguesso, Eyadema et consorts, des choses qui sont au détriment de leurs peuples et de leurs pays et dans l’intérêt de la France. Pour cela,  la France n’a qu’à caresser ces dirigeants-ludions comme un chien et le tour est joué. Parmi les caresses-pièges auxquelles elle fait recours, le 14 juillet, est une recette magique. Entre autres choses, c’est par cette récompense que la France de Chirac, devenu président de la République, après l’assassinat de Thomas Sankara, a remercié Blaise Compaoré qui a été son premier invité africain à son tout premier 14 juillet en tant que président.

Mais l’idée qu’un dirigeant indien accepte de sacrifier les intérêts de son peuple pour les beaux yeux de l’Occident est une ineptie valable seulement en Afrique noire. Et le seul fait d’y croire un instant est une illusion trompeuse, une confusion de paradigmes. Dans le pire des cas,  si l’Inde y cède, c’est qu’elle y trouve ses intérêts et le seul fait qu’elle trouve ses intérêts dans sa relation avec l’Occident est la preuve que les BRICS ont atteint leur objectif puisque leur but justement est de parvenir à des relations plus équilibrées et plus multipolaires avec les Occidentaux. En revanche, rien n’indique que l’Inde y cédera et ces tentatives occidentales de division des BRICS sont aussi pathétiques que vouées à l’échec.

Adenifuja Bolaji

3 commentaires

  1. Comme toujours avec les Blancs, le clin d’œil à l’Inde n’est pas non plus dénué d’arrière pensée racialiste pour ne pas dire raciste. En effet, des cinq pays du Brics l’Inde pour eux est considérable à part. Le Brésil est un melting-pot racial appelé à perdre à terme l’hégémonie politique actuelle des Blancs, sous la pression démographique des non-Blancs ( Noirs, amérindiens, métis, etc). La Chine est mongolienne. Considérée comme paria, la Russie est déniée sa part d’européanité et poussée vers les steppes de l’Asie. L’Afrique du Sud, malgré sa bonne volonté arc-en-ciel reste un pays nègre.
    Ne reste plus que l’Inde, perçue, voulue et posée comme un pays d’Aryens malgré sa diversité ethnique. Et c’est cette identité aryenne plus ou moins fantasmée qui motive la surdétermination indo-européenne – concept historique construit, à l’origine de la pensée hitlérienne – que caressent les Blancs dans leur clin d’œil à l’Inde. C’est sur ce terrain qu’ils l’invitent en douce, lui rappelant sa spécificité, sa différence avec ses partenaires hétérogènes, et en fin de compte son unité culturelle de fond avec l’Occident. Démarche risible et ridicule lorsqu’on pense que l’Iran est aussi un peuple d’Aryens mais que l’Occident n’osera pas lui faire le même clin d’œil…

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