Falsification de l’Histoire : K Comme Kérékou

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SPECIAL CLOTURE CAMPAGNE CONTRE LA FALSIFICATION DE L’HISTOIRE

Editorial : Les obsèques de Mathieu Kérékou : le peuple a boycotté l’hommage au dictateur

Le pouvoir de Boni Yayi a fait le possible et inventé l’impossible pour un hommage grandiose et populaire à la dépouille de Mathieu Kérékou. Toute la presse a été mobilisée, payée pendant près de deux mois pour entretenir le mythe d’un Kérékou, « grand homme d’Etat », « grand démocrate ». Les jeunes étaient particulièrement ciblés par une propagande agressive pour donner leur appréciation sur un personnage qu’ils ne connaissent pas, dont ils n’ont entendu parler que par des laudateurs, bénéficiaires des crimes politiques et économiques pendant les 29 ans de règne ( sur les 55 ans depuis notre indépendance) de ce dictateur. Le pouvoir y a mis les moyens. Un budget de 1,2 milliards, revu officiellement à la baisse suite à des protestations populaires à 490 millions qui ont servi à fabriquer et poser des posters géants, payer les nombreux frais de missions, organiser des réceptions orgiaques pour des ristournes aux mêmes pilleurs. Boni Yayi a décrété une journée, le 10 décembre 2015, chômée et payée. Mais au final, le peuple n’était pas à l’hommage. La messe dite au stade de l’Amitié n’a rassemblé que les officiels sur une pelouse désertée par les masses populaires. Le soir, le cercueil, censé contenir la dépouille de Mathieu Kérékou, est resté désespérément seul, toute la nuit, sur la pelouse du stade de l’Amitié.
Boni Yayi a échoué, les falsificateurs de l’histoire ont échoué. La bataille des révolutionnaires, des véritables patriotes, bataille menée par toutes les organisations des victimes de la répression ainsi que par les organisations de la démocratie révolutionnaires, cette bataille a payé. Le tapage indécent, insolent du pouvoir n’a pas donné les résultats escomptés. Le baptême du stade de l’Amitié, déserté par le peuple appelé à lui rendre hommage, stade Mathieu Kérékou est un forfait de plus que le peuple effacera.
Le peuple a donné, plutôt confirmé son verdict : Mathieu Kérékou est un dictateur ; la falsification de l’histoire ne passera pas. L’impunité doit être combattue et vaincue. Doit s’ouvrir sans délai maintenant le procès devant les tribunaux des 29 ans de règne de Mathieu Kérékou. Les victimes de la répression doivent être réhabilitées et dédommagées. C’est sur ces revendications de la fin de l’impunité, qu’a été clôturée le 18 décembre 2015 par une marche de la place de l’Etoile Rouge au Ministère chargé de la Justice, la campagne contre la falsification de l’histoire.
Cette marche contre l’impunité indique que le combat continue et doit continuer jusqu’à la victoire définitive sur les falsificateurs. Ce combat va dans le sens de l’histoire. Le peuple béninois ne fera pas moins que son voisin et frère du Burkina Faso. Là-bas, tout près de nous, Blaise Compaoré est appelé et recherché pour répondre de l’assassinat de Thomas Sankara. Ici, Mathieu Kérékou répondra de l’assassinat de Michel Aïkpé, de Parfait Akatcha, de Luc Togbadja, de Rémy Akpokpo-Glèlè, etc. Tôt ou tard.
La Rédaction

Mathieu Kérékou : IMMUNITE, IMPUNITE ET GROSSIERE FALSIFICATION DE L’HISTOIRE

Par José

Depuis le 14 octobre 2015, le décès de l’ex Président de la République Mathieu Kérékou a donné cours à une avalanche de louanges, à une série d’émissions radiophoniques et télévisuelles, à des plaquettes stéréotypées et cousues de morceaux choisis et de contes pour enfants, à une succession infinie d’individus et de groupes politiques, sociaux ou religieux rivalisant d’imaginations et d’anecdotes, le tout tendant à faire croire que le défunt fut ce que le Bénin a jusque-là produit de meilleur.
On a pu dire :
*qu’il a, par amour pour son pays, accepté que les décisions de la Conférence Nationale des forces vives de la Nation aient une force immédiatement exécutoire. Pourtant, ceux qui le disent savaient bien ce qu’il a dit au démarrage de la Conférence surtout en réponse à ceux qui y étaient arrivés dans l’espoir de chasser Kérékou du pouvoir : « je peux faire un remaniement de mon gouvernement » .. « mais ne me dites pas démissionne » ; autrement, ce serait un coup d’état ; ce que reprenaient publiquement certains de ses « gros bras » tels Azonhiho en fongbé. « E na vèou kpèdé ». Cela va être vraiment difficile. Mais lorsque les négociations individuelles entre Mgr de Souza et Kérékou aboutiront pour le maintien de celui-ci comme président de la République et qu’on ne ferait que lui nommer un premier ministre pour une transition, son objectif est atteint et pour quel motif s’obstinerait-il encore à s’opposer à la mise en œuvre immédiate des décisions de la Conférence ?
Lorsqu’en mars 1991 à l’issue de l’élection présidentielle, Kérékou échoua contre Soglo, a-t-il réellement choisi de remettre gentiment le pouvoir ? Pourquoi et où tous ces hommes et femmes si prolixes en témoignages s’abstiennent-il d’évoquer le début de guerre civile artificielle allumée notamment à Parakou pour organiser la pression et qui s’est immédiatement estompée dès lors qu’une loi d’immunité personnelle est initiée par Mgr de Souza à l’issue de ses négociations puis votée par le Haut Conseil de la République (HCR) au profit du perdant Kérékou.
Ainsi, la loi 91-013 disposait en ses deux premiers articles : « Il est accordé au Président Mathieu KEREKOU une immunité personnelle couvrant tous les actes qu’il a accomplis du 26 octobre 1972 au 1er avril 1991.
Le Président Mathieu KEREKOU ne peut comparaître devant aucune juridiction en qualité de témoin, de complice, d’auteur ou de co-auteur pour les actes spécifiés à l’article premier. »
Le reste de la bande a vite compris que quoique personnelle cette loi constitue une garantie pour le retrait en ordre de toute la bande, armes et bagages, y compris, bien sûr les bourreaux, les geôliers, la police politique et les inquisiteurs de tous gabarits, les pilleurs des dizaines ou centaines de milliards de F CFA crapuleusement volés, puis la boucle est bouclée.
Les pistes des contrevaleurs se transforment en autoroute de l’impunité et du pillage gratuit des ressources publiques. Le peuple aura troqué ses biens et ses valeurs contre une pacotille de démocratie. Il ne comprendra sa douleur que bien plus tard. Ainsi s’accomplit la prophétie du Parti Communiste du Dahomey (PCD) aujourd’hui (PCB) : « Conférence nationale des forces vives de la nation : un marché de dupes »
On a pu entendre dire dans ce brouhaha de déclarations gratuites :

*qu’il est le père de la démocratie. Quelle place ferait-on alors à l’ambassadeur Guy Azaïs qui aura transmis à Kérékou la note de son maître François Mitterrand sur la nécessité et l’urgence d’une conférence nationale. Comme si à cette époque, il pouvait encore s’adosser à son armée qui ne cessait de concocter des coups d’état contre lui ; encore moins au peuple qui l’a pourchassé à coups de pierres de Dantokpa à l’église Saint Michel !,
* qu’il est honnête : Et l’affaire Kovacs ? Et l’affaire Titan survenue pendant même qu’il avait fait l’option de la bible au détriment du marxisme-léninisme ?
* qu’il est patriote et aime ses concitoyens : Et l’importation des déchets toxiques et nucléaires, l’assassinat du Capitaine Michel Aïkpe, des juges Coovi et Dossou-Yovo, des commissaires Tossou et Koundé etc. Quel épithète lui aurait-on pu trouver alors s’il n’avait pas ordonné de tirer à vue sur tout regroupement de plus de trois personnes ; s’il n’avait pas annoncé qu’il marcherait sur des cadavres s’il le faut et, à cette occasion, donné raison à Bokassa qui a fait tirer sur des enfants.
On a pu hypocritement qualifier Kérékou de « Mandela béninois ». Ineptie, fourberie ou hérésie. Devant quel africain, devant quel démocrate au monde peut-on avancer et soutenir une telle grossièreté sans être traité d’idiot ? Mandela a été mis en prison pour 27 ans parce que porte-drapeau de la lutte anti-apartheid. Kérékou a été le bourreau de la liberté et des patriotes, le maître geôlier de milliers de ses concitoyens pendant au moins 17 ans. Quelle commune mesure ? Grossière falsification de l’histoire à la limite de l’apologie du crime et du criminel.
Il ne s’agit pas ici, par nos manifestations, d’initiatives de vindicatifs ou revanchards parmi des victimes de Kérékou et/ou de son PRPB. Non ! Les sentiments et ressentiments restent effectivement vivaces pour des fils, filles, parents ou amis froidement assassinés, contraints à l’exil ou gratuitement mis en prison, mais qui pour nous ne sauraient justifier une quelconque revanche ou vengeance. Il s’agit de faits politiques attendant depuis longtemps des actes politiques conséquents à la rescousse d’un Etat en déliquescence. Il s’agit de se battre conséquemment et opiniâtrement pour la manifestation de la vérité historique, d’aider à dégager les souillures dont on couvre effrontément le passé de tout un peuple afin d’en cacher le vrai visage à la jeune génération ; il s’agit enfin de se battre contre l’impunité et la mal gouvernance afin de frayer à nouveau le chemin vers les valeurs humaines, d’éthique et de probité.
C’est aussi ainsi que les officines de communication et de mensonge qui ont pris service à la place des organisations du PRPB et qui ont pour vocation de raccommoder l’histoire à l’envers, de la replâtrer et de la repeindre à leur guise et goût tariront de job et pour de bon.
Non à l’impunité ! Non aux falsificateurs de l’histoire !

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