
La relation de l’Afrique avec la France n’a rien de nécessaire ou d’indispensable pour l’Afrique. L’Afrique peut vivre et a intérêt à vivre sans cette relation. Sans doute qu’on ne peut dire la même chose de la relation de la France avec l’Afrique. Mais, il n’appartient pas aux Africains de l’apprécier, et encore moins à la France de les en convaincre : c’est l’Affaire de la France.
Vu à l’échelle des cent dernières années, un pays comme le Pérou ou la Corée a apporté plus de bien à l’Afrique que la France : ils n’ont pas été mêlés à l’esclavage, à la colonisation, à la néo-colonisation, dont tout le monde sait qu’ils sont des crimes contre l ’humanité. Ils n’ont rien à voir avec le génocide du Rwanda ; rien à voir de loin ou de près avec les guerres civiles en Côte d’Ivoire ou ailleurs, rien à voir avec l’élection et le maintien au pouvoir de dictateurs et présidents à vie. De ce point de vue, le Pérou ou la Corée, pour ne citer que ces deux pays, ont été, ces cent dernières années au moins, plus agréables à l’Afrique que la France. Mais cette sinistre performance africaine de la France a ses raisons. Cela souligne la dissymétrie de l’indispensabilité des relations entre la France et l’Afrique.
Or le consensus frauduleux consiste a égaliser ces deux rapports et dissoudre la dissymétrie de leurs motifs dans une vicieuse dissymétrie géopolitique, dissymétrie d’autant plus vicieuse qu’elle est savamment entretenue et paraît aller de soi.
L’Afrique est un continent, faut-il le rappeler et en tant que tel, elle doit s’ouvrir au monde ; elle doit le faire principalement de façon homomorphe avec des partenaires comparables et de poids. Elle doit surtout parler de continent à continent, non pas confusément et théâtralement de continent à pays. L’exagération donnée à ce type de rapport est malsaine et n’honore pas l’Afrique.
L’Afrique doit aussi avancer en évaluant l’histoire de ses rapports avec certains pays, car comme le dit le proverbe fongbé, on ne doit pas être mordu deux fois par le même serpent. Or force est de constater qu’au moins depuis les 100 dernières années, l’Afrique est mordue, entre autres, par le même serpent nommé France. Et ce, en permanence et en toute impénitence. La France a plus apporté malheur que bonheur à l’Afrique ; elle l’a plus dominée, pillée et violée jour et nuit qu’autre chose. Par conséquent, ce discours où la France qui n’est qu’un pays de 60 millions d’habitants se met dans un rapport d’égale à égal avec un continent de plus de 54 états comptant près de 1 milliard trois cent mille habitants, et présente sa relation avec lui comme indispensable au nom d’une histoire prétendument commune, ce discours relève du consensus frauduleux.
Et le fait déjà que la prétendue redéfinition des rapports entre la France et l’Afrique soit placée sous le signe de la fraude intellectuelle et morale et qu’aucune réparation n’ait été envisagée, exigée et consentie pour tout le mal que la France a commis contre l’Afrique depuis des siècles, ce fait-là n’augure rien de bon.
Dans les relations avec l’Afrique, la France à intérêt à se dissoudre dans l’Europe, et l’Afrique a intérêt à exiger la mise en quarantaine pour au moins un siècle de ce prédateur impénitent et obstiné !
Aminou Balogun

Visiblement très engagé(e), cher(e) Aminou. Beaucoup de courage dans ton positionnement. Des arguments et du raisonnement bien solides.
Geler nos relations avec la France, peut-être… Mais alors et la Belgique et la Grande Bretagne dans tous ça ? On ne mesure pas pertinemment leur impact.
Et par suite pourquoi l’Europe et pas la France ? C’est l’enveloppe infectée du poison qu’on évite. Objectivement, toutes les relations euroafricaines sont basées sur le profit, d’une manière ou d’une autre.
Alors l’Afrique et aux Africains de défendre leurs intérêts dans quelques relations que ce soit, avec force et courage. Y compris avec la France. Pourquoi se terrer, s’arc-bouter, se barricader, s’ensevelir ?
« Les États n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts », à aller chercher où qu’ils soient.
C’est mon humble avis.
Il n’y a pas de relation euroafricaine, pas plus qu’il n’y avait de relation entre les esclaves et les vendeurs ou les maîtres. Libre à l’Africain de décider de continuer d’avoir commerce avec celui qui a juré ses grands dieux de le piller de le dominer de le violer jour et nuit jusqu’à son dernier souffle…
Comme par exemple, on pourrait ne plus aller à leur école. Et bonjour la déliquescence.