Àmọ̀tẹ́kùn : Quand le Léopard Yoruba Fait Peur à plus d’un au Nigeria

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blog1Face à la situation d’insécurité généralisée qui prévaut au Nigeria, depuis les menaces plus ou moins lointaines et sporadiques de Boko haram jusqu’au banditisme classique ( vols à mains armées, kidnappings, etc), en passant par les tueries barbares des bergers peuls usurpateurs de terre, une fois n’est pas coutume, le Yorubaland a fait bloc. En mettant sur pied ce qu’ils appellent Operation Àmọ̀tẹ́kùn, alias Leopard.

blog1Cette initiative n’a pas été du goût du gouvernement de Buhari, qui invoque son inconstitutionnalité. Mais un gouvernement qui ne dénonce pas l’inconstitutionnalité de la sharia peut-il raisonnablement s’opposer à une initiative qui vise à assurer la sécurité aux citoyens abandonnés à leur sort par un État fédéral en carence chronique ? La vérité est que c’est moins l’initiative sécuritaire que son inspiration, l’unité affichée par les Yoruba, qui dérange. En effet, pour des raisons financières et politiques, les Nordistes sont farouchement et systématiquement contre toute proposition de restructuration du Nigeria, ce que réclame généralement les Sudistes et les populations du centre ( Middle Belt). La substance de cette restructuration tourne autour du retour à la configuration régionale au lendemain de l’indépendance qui voyait le Nigeria divisé en  six grandes régions.

La raison de l’opposition des Nordistes à l’idée de restructuration est financière en ce que plus il y  a  d’États dans une région plus elle touche les subsides du pétrole ; et elle est politique en ce que la constitution actuelle du Nigeria, écrite sous des gouvernements militaires dirigés par des dictateurs nordistes musulmans, favorise le Nord au détriment du Sud, dont le morcellement est pain béni pour le Nord. Plus les Sudistes s’entredéchirent, souvent sur des vétilles, plus le Nord tire son épingle du jeu politique. A contrario, toute initiative, comme la proposition de restructuration, qui viserait à unir les Sudistes ou à valoriser ce qu’ils ont de commun est une véritable source d’angoisse pour les Nordistes. D’où la levée de bouclier des Nordistes  contre l’opération Àmọ̀tẹ́kùn – depuis l’ancien Président Ibrahim Babangida, qui invoque des raisons logistiques jusqu’au Ministre de la Justice de Buhari, M.  Abubakar Malami, qui en dénonce l’inconstitutionnalité.

Mais, quel crédit accorder à ces cris d’orfraie poussés par des gens qui n’ont trouvé rien à redire à des opérations sécuritaires similaires —  exemple, le  JTF, qui sous sa dénomination ethniquement aseptisée est  en vigueur dans certains États du Nord — ou, cerise sur le gâteau de l’hypocrisie régionaliste, la sharia en vigueur dans certains États du Nord ?

A en croire les représentants Yoruba les plus autorisés, y compris l’un des moins  passionnément ethnicisés comme Wole Soyinka, le chien aboie et le léopard passe

Agunbaniro Bosede

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