Angot, ou la Bêtise Made in France

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Il y a longtemps que je suis sorti des débats sur la haine-mépris du Noir et des Africains  dont la France est championne. Le pillage de l’Afrique auquel elle procède sans solution de continuité depuis cinq siècles et qui prend des formes variées, malgré toutes les dénégations dont il fait l’objet, a besoin d’être idéologiquement soutenu. Et la haine-mépris du Noir en France a une double fonction de distraction/mystification en même temps que de dénégation. Il ne faut pas croire qu’en France, le racisme serait le fait d’une catégorie de gens ignorants, brutes et sans lumière. Sociologiquement distribuée, la haine-mépris du Noir fait l’objet d’une division du travail. Il y a les haïsseurs ordinaires dont on entend parler, dans les stades ou les transports en commun, et il y a les méprisants haineux subtils et sophistiqués dans les cercles prétendument intellectuels. Ces derniers ont pour fonction de guider les autres, de les renforcer idéologiquement, de reformuler en termes subtils et de nourrir intellectuellement leur bêtise commune, et ce dans l’intérêt supérieur de la nation française, partie intégrante de la race blanche.

Il y a longtemps que je suis sorti de ces débats sur la bêtise de l’acharnement raciste des Blancs sur les Noirs. Je pense que ce que nous les Noirs devons faire c’est de nous concentrer sur nous-mêmes et de nous prendre en main pour nous en sortir et cela est possible. La discussion avec les Blancs sur ces questions n’est qu’une distraction, une perte de temps. Je totalise près d’une quarantaine d’années en France, par la force des choses, mais c’est seulement au bout de deux ans dans le pays que j’ai pris conscience de l’inutilité de ce type de débat. Je félicite mon frère Claudy Siar qui s’y attèle avec courage et passion, car son action relève d’une démarche conforme à une histoire que même en temps que Noir je n’ai pas vécue, à une situation que je ne connais pas.

Mais aujourd’hui, sans m’étendre sur le sujet — car ce serait faire le jeu de cette distraction/mystification que je dénonce — je suis obligé d’intervenir. Sur ce qu’a dit cette écrivaine nommée Angot. Je ne veux pas trop parler, c’est pour cela que le titre initial de mon post était « Angot en gros ». Une écrivaine française, prix Goncourt, dans un essai douteux de hiérarchisation des affres subies par les hommes à travers  l’histoire, dit que les Noirs n’étaient traités que comme du bétail, des bêtes de somme, tandis que les Juifs eux étaient destinés à la mort… L’inexactitude de cette bêtise qui passe pour une analyse transcendante a reçu la réponse qu’elle mérite de la part de Claudy Siar, et à cela je n’ai rien à ajouter. On a entendu ce soir à travers les média que la dame Angot présenterait ses excuses. Personnellement, je n’ai rien à foutre de ses excuses qui ne changent rien sur le fond de ce discours dont elle n’est que l’énonciatrice conjoncturelle. Nous les Noirs, on se nourrirait mieux de nos ressources que la France pille jour et nuit plutôt que des excuses sur des bêtises de ce genre à finalité distractive.

Par cette hiérarchisation, ce que veut dire Angot c’est que le sort des Juifs et celui des Noirs à travers l’histoire sont  incommensurables. Il s’agit  d’un pavé  dans la mare philosophique en cette veille de baccalauréat où beaucoup de jeunes candidats de France se préparent à passer l’épreuve de philosophie. Un sujet pourrait être : « Être transformé 400 ans en bête de somme, ou être tué pendant 4 ans, lequel de ces deux destins préféreriez-vous en tant que peuple, sachant que tous en tant que vivants nous mourrons et en tant qu’homme nous avons droit à la liberté ? »

Non, comme je l’ai dit d’entrée, vouloir répondre à cette ânerie qui se veut passer pour une analyse savante demanderait des milliers de lignes, des centaines de pages, des dizaines de livres, que la dame Angot, même en tant qu’écrivaine, ne mérite pas. Retenons seulement qu’il s’agit d’un discours bien français, made in France, ce pays qui s’illustre dans l’impénitence de ses crimes contre l’Afrique noire.

I rest my case…

Alan Basilegpo

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Un commentaire

  1. Dans le cochon tout est bon dit-on. Le Noir est le cochon du Blanc. Après avoir été utilisé comme esclave, comme colonisé, comme néo-colonisé, et en même temps que tel, Angot en fait un usage d’objet de marketing. Il suffit de dire une ânerie provocatrice à l’égard des Noirs et on fait parler de son livre. Rien d’original dans cette méthode intellectuellement malhonnête de publicité

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