Le fɔ̀ngbé ( ou fon) est une langue véhiculaire employée au Bénin, au Nigeria et au Togo. Le fon est la langue nationale la plus parlée au Bénin; il est pratiqué par une partie non négligeable de la population, principalement dans le sud du pays, notamment dans le plateau d’Abomey, à Ouidah, Allada, Abomey-Calavi, et Cotonou. C’était la langue officielle de l’ancien royaume du Danxomè.
Le fongbé est une langue de la famille kwa. Elle appartient au groupe gbé. Le fongbe est une langue isolante ; c’est-à-dire que les catégories grammaticales y sont réalisées par des items lexicaux libres et non des morphèmes liés.
Les langues gbe sont tonales et isolantes, la syntaxe des phrases sont de l’ordre SVO (Sujet-Verbe-Objet)
Cette brève présentation du fongbé étant faite, il serait intéressant d’étudier son usage en rapport avec la vie de tous les jours. Et, pour ce faire, la présentation des mois de l’année est un exemple parlant, d’une richesse intéressante. Le tableau ci-dessous déroule les douze mois de l’année, leur équivalence en fongbé et la signification sous-jacente.
En français | En fongbé | Signification |
janvier | alunsun | mois de la sécheresse |
février | zofinkplɔsun | mois du brûlis |
mars | xwejisun | mois de la première pluie de l’année |
avril | lidosun | mois où on sème le mil |
mai | nuxwasun | mois du sarclage |
juin | ayidosun | mois où on sème le haricot sec |
juillet | liyasun | mois où on récolte le mil |
août | avuvɔsun | mois du froid |
septembre | zosun | mois du démarrage de la deuxième saison de culture vivrière |
octobre | kɔnyasun | mois où on pétrit la terre de barre pour la construction des murs |
novembre | abɔxwisun | mois où le sorgho mûrit |
décembre | woosun | mois de l’harmattan |
Comme on le voit, en dépit du sens du mot « sùn » qui signifie « lune », les mois ne renvoient pas à des références cosmologiques, mais restent ancrés dans les réalités terrestres pour ne pas dire terriennes. Les préoccupations agraires occupent une place importante dans la désignation des mois de l’année ; avec des références précises aux saisons ou aux événements climatiques saisonniers. Dans les sociétés où le fongbé est parlé, le découpage du temps, centré sur les activités et la vie humaine concrète, apparaît donc plus sociologique que cosmologique.
Alan Basilegpo